Emmanuel Macron prend-il au sérieux la colère populaire ? Oui, mais non. Oui, en regard du flot de paroles qui a alimenté le grand débat national, désormais clos. Cet exercice démocratique original a été lancé par le chef de l’État pour tenter de contrer l’insurrection des Gilets jaunes. Mais non, à en juger par son incapacité à s’adresser directement aux citoyens excédés, au risque de rendre la rupture irrémédiable et d’alimenter la frustration de la rue furibarde. Lundi, le premier ministre a promis une réponse à « l’immense exaspération fiscale », révélée par l’insurrection du 17 novembre. À dire vrai, cette découverte n’en est une que pour ceux qui ne voulaient rien entendre de cette banalité. La première des urgences serait surtout de réconcilier les deux France : celle des grandes agglomérations mondialisées et celle des villes périphériques enracinées. Ces deux mondes, jadis familiers l’un à l’autre, s’éloignent. Ils en viennent à se détester, se haïr. Or le pouvoir persiste à jeter ses anathèmes sur un peuple impertinent qui n’a comme tort que de lui répéter : « Le roi est nu. » Les « élites » se raidissent : elles ne sont pas disposées à revoir leurs certitudes. Rares sont celles qui acceptent d’entendre la critique portée par les Gilets jaunes contre les dirigeants qui se sont si souvent trompés en flattant les seules minorités. Les intellectuels se sont gardés, en majorité, de soutenir les révoltés. Les « humanistes » y voient la lie du peuple. Ils n’ont pas cherché à dépasser les caricatures que certains leaders, étourdis par leur soudaine notoriété, ont effectivement données à cette révolution en cours. Pourtant, ces Français méprisés méritent mieux que les infamies qu’ils reçoivent. Leur combat ne s’arrête pas à des revendications fiscales. Le pouvoir d’achat n’est pas leur seul horizon. C’est un peuple en quête de sens et de renaissance qui se mobilise depuis cinq mois. La tolérance qui s’observe au cœur des manifestations laisse voir une maturité qui rompt avec les enfantillages politiques. Dans cette France enfiévrée, la droite, la gauche et les extrêmes se côtoient, se parlent. La fraternité est palpable. Cet idéal collectif mérite mieux que les moues dégoûtées des puissants. La macronie, qui disait incarner la pensée printanière, est un camp retranché. Nul n’entre ici s’il n’est fossoyeur du monde ancien. (La suite ici) Je participerai, ce vendredi, à L’heure des pros (9h-10h30) et à Ca se dispute (17h-17h45) sur CNews, puis à On refait le monde ( 19h15-20h) sur RTL

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