Marie saura-t-elle rassembler les Français divisés ? Ce serait là un miracle pour l’Église éreintée et pour la nation déchristianisée. Néanmoins, force est de constater la sidération collective née de l’incendie de Notre-Dame de Paris, dédiée à la Vierge. Dès les premières flammes, la vie politique s’est effacée derrière la puissance intacte d’une mémoire millénaire. Le feu a jailli, lundi à 18 h 50, d’une partie de la charpente en chêne posée il y a huit cent cinquante ans. L’enfer a ravagé la toiture de la cathédrale, symbole de la chrétienté en Europe depuis le XIIe siècle. Emmanuel Macron, qui devait distiller à 20 heures ses premières mesures après le grand débat, a judicieusement choisi de différer ses annonces. Les partis ont également suspendu leurs joutes en perspective des élections européennes. La soudaine vulnérabilité de Notre-Dame, gravement défigurée en une poignée d’heures, est venue rappeler, comme un châtiment, la fragilité d’une nation quand elle devient oublieuse de son passé et de sa culture. Dans la soirée, le président a appelé, « tous ensemble », à rebâtir l’édifice. Pour une fois, Macron a su être enthousiasmant. Il faut parfois des tragédies pour sortir les peuples décadents de leur frivolité amnésique. Le temps dira si la douleur causée par la blessure d’un chef-d’œuvre, sorti des mains de générations d’anonymes inspirés par la quête du beau et du bien, saura se transformer en une renaissance. C’est pour avoir orgueilleusement négligé la mémoire et la lente expérience, au profit de la jouissance immédiate, que la modernité a renoncé à s’identifier à un idéal partagé. Le cheap, le toc, le bagou accompagnent son sillage. Rien n’est donc plus disruptif – ce mot macronien – que de tenter d’être à nouveau à la hauteur des humbles bâtisseurs du Moyen Âge. Lundi, une souscription nationale a été lancée pour faire renaître Notre-Dame de ses cendres. Beaucoup des plus grandes fortunes de France ont rapidement offert près d’un milliard d’euros. De nombreuses autres familles les suivront, sachant où ira leur argent. L’occasion est donnée aux Français, éduqués dans l’illusion créative de la table rase et de l’homme nouveau, de retrouver le goût de la conservation, de la transmission, du respect des racines. (La suite ici) Votre serviteur prend une semaine de vacances; comme toujours, le blog reste ouvert. Je participerai, ce vendredi, à L’heure des pros (9h-10h30), puis à Ca se dispute (17h-17h45) sur CNews.
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