La crise passée, il faudra décortiquer les mécanismes d’aveuglements collectifs sur cette épidémie de coronavirus, son ampleur, sa dangerosité. L’urgence immédiate est d’aider le chef de l’Etat à sortir de ce cauchemar. Mais une enquête aura à établir, ensuite, s’il y a eu des fautes commises, et à quel niveau. Car le soupçon de légèreté existe dès à présent. En effet, dans un article du Monde daté de mercredi, l’ancien ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a levé le voile sur un possible scandale politique, potentiellement impardonnable. Celle qui démissionna de son poste pour concourir à la mairie de Paris en remplacement de Benjamin Griveaux avoue, comme un remords : « Quand j’ai quitté le ministère, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. Je suis partie en sachant que les élections (municipales) n’auraient pas lieu ». Elle dit aussi : « Je pense que j’ai vu la première ce qui se passait en Chine (…) Le 11 janvier j’ai envoyé un message au président sur la situation. Le 30 janvier, j’ai averti Edouard Philippe que les élections ne pourraient sans doute pas se tenir ». Buzyn insinue-t-elle que l’Etat aurait été désinvolte ? Tout doit être fait, actuellement, pour protéger les Français. Le coronavirus est notre défi commun. Cette « peste » moderne tuera en nombre. En France, l’épidémie mal maîtrisée pourrait faire entre 150.000 et 500.000 morts, selon les scénarios noirs. La sous-évaluation du virus, présenté initialement comme une méchante grippe, a fait perdre un temps précieux. Il s’agira de comprendre, demain, comment l’insouciance a pu être entretenue si longtemps. Le 11 mars au Trocadéro, Emmanuel Macron promettait encore, parlant de la menace terroriste : « Nous ne renoncerons pas aux terrasses, aux salles de concert, aux fêtes de soirs d’été. Nous ne renoncerons pas à la liberté ». Trois jours plus tard, Edouard Philippe fermait les bistrots, restaurants, théâtres, etc. Le 16, le chef de l’Etat décidait de restreindre la liberté de circuler après avoir, le 12, décrété la fermeture des crèches, des écoles, des universités. Peu auparavant, il s’était montré descendant à pieds les Champs Elysées avec son épouse. Comment comprendre ces flottements ? Il est trop facile de morigéner les Français, accusés par Macron, lundi soir, d’avoir « bravé les consignes » pour avoir flâné durant le week-end, sous les premières effluves printanières. Rétif à l’autocritique, le président a souvent recours aux boucs émissaires. (La suite ici). Je participerai, ce vendredi, à L’heure des pros (9h-10h30) sur CNews. Le rendez-vous de Ca se dispute est suspendu durant la période du confinement.

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