La France n’est pas un « hexagone », ce mot glacé qu’utilise parfois Emmanuel Macron. Ce cliché de géomètre est celui d’experts à sang froid, de comptables sans affect, d’indifférents à l’âme française. Ceux-ci s’agacent du peuple quand il se plaint de son sort d’oublié. Le travers se retrouve dans la macronie, club sélect fermé sur lui-même. Le refus initial des députés LREM d’allonger de sept jours le congé parental d’entreprise pour la perte d’un enfant a révélé une insensibilité dans leur logique ; la bévue, qui a indigné jusqu’au Medef, sera corrigée. Elle conforte néanmoins la maladresse de la majorité dans son approche de la vie des gens. C’est le Conseil d’État qui a dû également suspendre la circulaire de Christophe Castaner qui entendait effacer, pour les municipales, la signification politique des votes des communes de moins de 9 000 habitants, soit 97 % des communes françaises. Plus gravement, le projet de réforme des retraites apparaît comme incompatible, dans sa norme unique, avec la diversité humaine. La débâcle rôde autour du pouvoir désemparé, réfugié dans une pensée dogmatique. Moins sa politique est comprise, plus il s’affirme dans la précipitation. Le bon sens a déserté l’objectif présidentiel d’établir un régime universel de retraite à points. La prétention étatique à régenter uniformément les parcours professionnels était dès le départ une faute de l’esprit : la disparité des carrières ne peut se réduire à une seule règle. Seule la magie traduit – abracadabra ! – la vie en une formule. C’est pourtant cette impasse qu’a prise Emmanuel Macron, pressé de graver son nom quelque part. Son système de retraite est déjà illisible. Le Conseil d’État a dit ne pouvoir « garantir la sécurité juridique du texte » et a critiqué « les projections financières lacunaires de l’étude d’impact ». Comment comprendre que les députés puissent débattre, depuis lundi, d’un projet qui n’est pas financé, contrairement aux exigences de l’article 40 de la Constitution ? Derrière ses marches forcées au son du tambour, l’État ne sait pas où il va. (La suite ici) Je participerai, ce vendredi, à L’Heure des pros (9h-10h30), puis à Ca se dispute (18h-19h) sur CNews Ce vendredi, je parlerai aussi de mon essai, Les Traîtres, sur Radio Courtoisie (12h -13h30) chez Laurent Artur du Plessis

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