Le monde politique étouffe dans son bunker. Déprimante est la perspective d’un affrontement, en 2017, entre ceux qui ont déjà concouru pour la présidentielle de 2012. La France se résumerait-elle en un choix entre Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy et François Hollande, avec François Bayrou en tireur de tapis ? Alain Juppé et François Fillon se voient en hommes neufs, puisqu’ils n’étaient pas dans la précédente compétition. Mais les deux anciens premiers ministres traînent leur long passé. Ils résument aussi le monde immuable, même si Fillon multiplie les efforts pour sortir des sentiers battus. Cependant, à cette aune anticonformiste, Marine Le Pen garde sa longueur d’avance. En fait, cette guerre de tranchées force à redistribuer les mêmes rôles. Ces règles absurdes sont à changer. La troisième victoire électorale d’Alexis Tsipras, dimanche, est symbolique d’une volonté populaire d’écarter les vieux partis de gouvernement, en dépit des faux pas du jeune premier ministre grec et d’une forte abstention. Un semblable rejet est majoritaire en France. Les appareils politiques le savent, mais n’en ont cure. Ils persistent à vouloir produire la personnalité providentielle. En réalité, ils ne fabriqueront jamais que des clones acquis à la pensée dominante. Or celle-ci est à l’opposé de l’esprit réfractaire des citoyens. On y chercherait en vain une passion pour tel ou tel officiel, même si Marine Le Pen attire davantage l’intérêt. L’aspiration au changement de têtes est telle, dans la France profonde, que même Christine Lagarde, patronne du FMI, aurait ses chances si elle se déclarait. Cet univers clos ne se débloquera pas de l’intérieur : seul le pragmatisme de la société civile peut faire sauter les verrous institutionnels et idéologiques de la Cité interdite. (La suite ici) J’étais invité, dimanche, sur RCN Radio.
S’abonner
0 Commentaires
le plus récent