Les raisons ne manquent pas, pour un électeur horripilé, de se tourner vers Marine Le Pen. Elles tiennent au refus d’une partie de la droite et de toute la gauche d’admettre des évidences. Cela fait des décennies que les partis, entravés par leurs interdits, ne comprennent rien à rien. Ils ne cessent de s’opposer lyriquement au FN et de prédire sa chute, avec le résultat que l’on sait : il est en train de pulvériser le PS et menace l’UMP du même sort. Dimanche, à l’issue de la législative de Villeneuve-sur-Lot, la formation de Jean-François Copé a néanmoins remporté le duel face au candidat frontiste (53,76 %, contre 46,24 %) ; preuve qu’il reste possible pour l’UMP de résister à la dynamique enclenchée, à condition de sortir de sa mollesse. Mais le PS, lui, est désarmé.C’est un fait : le FN recentré s’est banalisé. Sa diabolisation, rengaine du conformisme, est démentie par ceux qui le rejoignent. Venus de la droite et de la gauche, ils l’encouragent à demeurer ce qu’il est : un interlocuteur à l’écoute des oubliés et des démunis. Le FN n’est pas moins républicain que l’UMP ou le PS, qu’il a rejoints sur le podium. L’appel de la rue de Solferino à reconstituer, comme en avril 2002, le front uni contre l’extrême droite a fait le flop prévisible, y compris auprès d’électeurs socialistes. À Villeneuve-sur-Lot, Étienne Bousquet-Cassagne (FN) a fait ses meilleurs scores dans les cantons de gauche. Non seulement le PS ne peut faire reculer le FN, mais ses électeurs le propulsent.L’ascension du parti maudit est un effet de la « révolution des œillères », apparue avec la Manif pour tous (bloc-notes du 31 mai). (La suite ici)
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