La moralisation de la vie politique est une tartufferie. Un lapin bleu sortira du chapeau de François Bayrou avant les législatives. Pour le garde des Sceaux, François Fillon aurait représenté, avec ses costumes de luxe et les salaires de son épouse, le cœur de la corruption : c’est dire si la réforme visera bas. En réalité, le grand ménage éthique commencera quand la politique en finira avec le mensonge. Pour l’instant, l’euphorie de la macromania fait partie de l’entourloupe, quand elle promet des jours meilleurs. En 1937, Ray Ventura et ses Collégiens chantaient Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?, croyant repousser la guerre. En 2017, les « Cellezéceux » s’enivrent, pareils aux jeunes Chinois du Grand Bond en avant, de la jovialité du timonier au regard bleu horizon. Rien ne doit être dit des racines de l’attentat djihadiste qui, lundi, a frappé Manchester (22 morts, 60 blessés) ou des causes de l’infernal vivre-ensemble dans des quartiers de Paris submergés par des «  migrants ». Tout va très bien !
« L’optimisme historique a servi de base à L’Archipel du goulag », rappelle le Polonais Leszek Kolakowski (1), qui a subi les propagandes sur l’Homo oeconomicus, avec son lot de Lissenko, de villages Potemkine, de dénis des faits. La France du progressisme joyeux, qui dit être le nouveau monde, n’en est pas là, bien sûr. Mais l’esprit réticent fait déjà figure de cas irrécupérable. Macron a, il est vrai, des qualités de stratège qui déroutent. Son choix de nommer Jean-Michel Blanquer à l’Éducation vient en habile contre-pied d’un apparent désarroi idéologique. Apprenant sa nomination, Najat Vallaud-Belkacem n’a pu réprimer une grimace. L’ex-directeur de l’Essec dit vouloir rétablir les classes bilangues et valoriser le latin et le grec, « qui sont au cœur de notre civilisation et de notre langage ». Il est favorable à un renforcement de l’approche chronologique jusqu’à la fin du collège. Il assure : « Le fait de connaître les rois de France, ce n’est pas du passéisme. » Ouf ! Il ne veut plus des pédagogues.
Laissons à Macron l’opportunité de surprendre encore, s’il a comme intention de donner d’autres places au conservatisme là où la France est culturellement vulnérable. (La suite ici).
(1) « Comment être socialiste + conservateur + libéral », Les Belles Lettres.
Je participerai, ce vendredi, à un débat sur Sud-Radio ( 11h-12h)
Je participerai, lundi matin, à L’heure des pros sur CNews (9h10-10h)

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