Barack H. Obama? Trop indécis, trop prudent, trop distant. Au premier anniversaire de son mandat, cette semaine, l’homme providentiel déçoit jusque dans son camp. Est-ce pour corriger ces défauts qu’il a pleinement engagé son pays au secours d’Haïti? Le président des États-Unis y fait preuve d’une détermination inédite et d’autant plus remarquable que demeure le souvenir de George W. Bush, inopérant en Louisiane, frappée en 2005 par l’ouragan Katrina. Mais ce spectaculaire et opportun déploiement de générosité ne peut cacher l’effondrement d’un mythe.
Le cauchemar vécu par les Haïtiens, qui ont vu leur propre État anéanti par le séisme, obligeait-il les Américains à se préoccuper si peu de la France dans sa volonté de soutenir ce pays francophone ? Samedi, Alain Joyandet, secrétaire d’État à la coopération, a dû protester auprès des États-Unis afin d’obtenir l’autorisation d’atterrir pour un avion. « Il s’agit d’aider Haïti, il ne s’agit pas d’occuper Haïti », a-t-il déclaré, avant que l’Élysée ne se félicite de la coopération entre les deux pays. Difficile pourtant de ne pas noter l’unilatéralisme d’Obama.
Ses thuriféraires retrouveront là, malgré tout, leur idole telle qu’ils l’ont construite, en exact contraire de Bush. « Quand nous ne montrons pas seulement notre puissance mais aussi notre compassion, le monde nous considère avec un mélange de respect et d’admiration. Cela renforce notre leadership », reconnaît d’ailleurs Obama. Politiquement, Haïti sera son épreuve de rattrapage. Mais sa première année vient de s’achever par une déroute, avec l’élection sénatoriale, mercredi, d’un obscur républicain, Scott Brown, dans la citadelle démocrate du Massachusetts (voir mon blog).
La mise en scène du sauvetage d’Haïti par le leader métis, qui prend le risque de reproduire à terme un paternalisme occidental sur la première république noire, ne mégotera pas sur les moyens censés illustrer ici le slogan creux du « Yes we can ! ». Pour autant, alors que le panurgisme médiatique attribuait tous les talents à l’habile démocrate, douze mois auront largement suffi pour percer la bulle – une de plus – de l’obamania, ce condensé très « gauche française » de bons sentiments et d’autocontentement. Obama est condamné à changer.
Dans les pas de Bush… Sa victoire avait été présentée unanimement comme un coup d’arrêt aux néoconservateurs, que l’un d’eux, Irving Kristol, définissait comme « des hommes de gauche agressés par la réalité ». Or ces derniers sortent déjà de leur purgatoire, portés par une politique internationale se rapprochant, par nécessité, de leurs analyses contestées. C’est bien le successeur de Bush qui n’a toujours pas fermé Guantanamo en dépit de ses promesses et qui est convenu récemment que les États-Unis étaient « en guerre », ce mot jusqu’alors proscrit par la novlangue démocrate. C’est bien lui qui a décidé de renforcer considérablement son armée en Afghanistan et a dit vouloir « anéantir » le terrorisme au Yémen, tout en respectant en Irak le calendrier de retrait fixé précédemment.
Obama dans les pas de Bush ? L’image tient du blasphème pour ceux qui n’ont eu de cesse de dénoncer le bellicisme borné du républicain. Cependant, c’est bien ce chemin qu’il commence à suivre, après avoir cru benoîtement que la main tendue allait adoucir la Corée du Nord, l’Iran et même la Russie. En réalité, c’est une faiblesse que laisse voir désormais la première puissance militaire mondiale. Sa timidité face à l’aspiration à la liberté du peuple iranien est une déception pour ceux qui croient, à l’instar des néoconservateurs honnis, à la possible démocratisation du monde musulman. Il est trop tôt pour prédire un rapide retour des républicains. Mais le monde réel reste leur meilleur allié.
L’ambigu éloge du Noir La chute brutale des illusionnistes ébranlera-t-elle la stupéfiante obamania française, cette caricature du politiquement correct qui a envahi le discours unique? Celui-ci a réussi à persuader, jusqu’au sommet de l’État, de l’urgence d’une « République métissée » dont l’histoire serait désormais à écrire, au nom de la diversité et de la non-discrimination, par les populations issues de l’immigration récente. Faut-il le rappeler, à propos des défaillances d’Obama ? La couleur de la peau ne fait pas le talent. Or, nombreux sont encore les ambigus engouements de l’officielle pensée « antiraciste » pour l’homme noir ou métis. La France se prête à cet éloge en dépit de sa Constitution interdisant ces différences. Se réveillera-t-on enfin ?
C’est mercredi, jour anniversaire du mandat du président américain, que l’ex-international de football, Lilian Thuram, a lancé avec d’autres un appel pour une « République multiculturelle et postraciale », après avoir écrit un livre (Mes étoiles noires), galerie de portraits de Noirs talentueux. « Il faut dépasser la couleur de peau », explique Thuram. Mais qu’attend-il pour s’appliquer cette juste réflexion ? En réalité, il y a bel et bien eu, chez les idéologues du différentialisme, un détournement de l’élection américaine à des fins de promotions ethnico-religieuses, au mépris du respect de la culture d’accueil. Espérons que les masques tomberont avec la chute du mythe Obama.
Boulevard pour la droite Le réveil conservateur, tel qu’il s’observe aux États-Unis (et au Chili le week-end dernier) gagne aussi l’Europe et singulièrement la France. Le rejet du relativisme et le retour à des valeurs traversent la droite comme la gauche. Qu’attend la majorité pour emprunter franchement ce boulevard?
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