Quel est ce pays où la justice décide de perquisitionner un journal et où la liberté d’expression est mise sous la surveillance d’une loi anti- « fake news » ? Quel est ce pays dont les parlementaires veulent réduire le droit de manifester tandis que des protestataires se font éborgner ou arracher des mains par des armes dangereuses utilisées par les forces de l’ordre ? Quel est ce pays dont le président s’invite régulièrement sur des télévisions durant d’interminables heures, tout en dénonçant l’influence d’un pays étranger sur le peuple révolté ? Bref, quel est ce pays où le pouvoir peut recourir à l’intrusion, à la suspicion, à la répression, au complotisme, à la propagande pour tenter de se protéger de citoyens excédés ? Cette régression démocratique ne s’observe ni dans la Hongrie d’Orban, ni dans l’Italie de Salvini, ni dans aucune des nations « populistes » dénoncées par Emmanuel Macron. En revanche, oui, la France donneuse de leçons a pris ce visage abîmé, dans l’indifférence des faux gentils : ceux-ci ne voient de menaces que chez Gilets jaunes.
Le chef d’État raille ceux qui veulent se « claquemurer ». « Je ne crois pas à ceux qui font des murs, ça ne marche pas », a-t-il répété lundi devant des élus de Seine-Saint-Denis. Pour ce cinquième débat, Macron a réitéré sa performance en restant plus de six heures en scène, dans une prestation retransmise par toutes les chaînes d’info en continu. Mais c’est lui-même qui s’enferme dans sa Cité interdite. En effet, son obsession à vouloir maîtriser l’information trahit sa crainte des réalités « monstrées ». Selon Le Point, son goût pour les faits aseptisés l’a même conduit à proposer que l’État subventionne des journalistes « garants », comme aux belles heures des censeurs des régimes totalitaires. Non content d’avoir fait voter une loi contre les fausses nouvelles, qui laissera au juge le soin de dire le vrai, le président entend renforcer les pouvoirs de contrôle du Conseil supérieur de l’audiovisuel. Il envisage aussi une « instance de déontologie » pour la presse, qui ne demande rien. Or les « fake news » sont aussi dans les désinformations officielles sur les Gilets jaunes et l’état du pays.
Le diagnostic présidentiel d’une France « empêchée » serait convaincant s’il ne s’accompagnait d’une politique tendant à verrouiller des paroles dérangeantes et à étouffer des contestations. (La suite ici)
Je participerai, ce vendredi, à L’heure des pros (9h-10h30), puis à Ca se dispute (17h-18h) sur CNews, et à On refait le monde (19h15-20h), sur RTL
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