Les Républicains deviendront-ils enfin un parti de droite ? Les portes qui claquent à propos de l’affaire Fillon clarifient des non-dits et des hypocrisies. Il est temps d’acter le divorce entre la droite honteuse, incapable d’aborder la question identitaire autrement qu’avec des gants et un pince-nez, et ceux qui estiment que rien n’est plus urgent que de répondre à cette crise de civilisation qui mène à la guerre civile. Une grande partie de ceux qui quittent le navire n’avaient en réalité rien à y faire : je veux parler des centristes et des juppéistes qui n’ont jamais accepté leur lourde défaite lors des primaires de la droite et du centre. Je rappelle que François Fillon a été plébiscité, à cette occasion, pour son programme économique libéral mais aussi pour son projet sociétal et sa désignation du totalitarisme islamique comme ennemi à vaincre. Tous les Iago qui, à l’image de l’ancien porte-parole de Fillon, Thierry Solère, ont tenté jusqu’à ce lundi matin d’imposer Alain Juppé en remplacement du candidat officiel ont démontré qu’ils n’avaient rien compris de l’opposition fondamentale entre les deux hommes sur les questions sociétales. Celles-ci restent au coeur de la campagne, en dépit des efforts de la fausse droite de les évacuer. Ce qui apparait, dans ces derniers jours d’hystérie, est une pente totalitaire : des apparatchiks sont prêts à accorder tout crédit au « procès stalinien » (1) fait à Fillon, afin d’obtenir son limogeage et son remplacement. Le nom de François Baroin est même avancé. Mais il y a un hic : la société civile, excédée par ces pratiques, n’entend plus cautionner ce jeu anti-démocratique. Il va falloir faire avec le peuple.
Le succès, dimanche au Trocadéro, de la manifestation pro-Fillon est venu rappeler qu’il n’appartenait pas à des partis déconsidérés ni à des traitres sans vergogne d’écrire l’histoire à la place des citoyens. Si Fillon a pu hésiter à se maintenir face au matraquage intensif du Système politique, judiciaire et médiatique, ses sympathisants lui ont donné, hier, une bonne raison de tenir tête à ceux qui voudraient le faire taire. Juppé, ce lundi, a bien fait de renoncer à participer plus avant au putsch contre l’homme blessé. Il a également admis qu’il ne pouvait lui-même incarner le renouvellement. En revanche sa description de la manifestation du Trocadéro, qui aurait « montré que le noyau des militants et des sympathisants LR s’est radicalisé », illustre le conformisme de ce dirigeant, caricature d’une élite qui ne supporte pas de voir des citoyens regimber. Si radicalisme il y a, il n’était pas dans la foule tranquille qui arborait d’innombrables drapeaux tricolores et qui applaudissait un homme parlant de la France. En revanche, la radicalité que Juppé ne veut pas voir crève les yeux dans les cités en rupture. Emmanuel Macron non plus n’entend pas s’inquiéter de ces fractures-là. C’est d’ailleurs pour cela que beaucoup des fuyards de LR vont rejoindre le camp des capitulards. Ce matin, Dominique de Villepin a assuré que, lui non plus, ne voterait « certainement pas » Fillon. La droite fait le ménage : voilà au moins une bonne nouvelle.
(1) « Un procès stalinien », titre d’un article du Monde du vendredi 3 mars, signé par Jean-Eric Schoettl, ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel
Je participerai, ce lundi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)
Je participerai, mardi, à un débat sur Sud-Radio (9h-10h)
S’abonner
0 Commentaires
le plus récent