Je constate qu’il est particulièrement difficile de savoir avec précision, cinq jours après les faits, ce qui s’est passé lors de la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge (6 morts,16 blessés). Le ministère de l’Intérieur n’est visiblement pas bavard, sinon pour dire qu’il n’y a pas de sujet, hormis le drame. Il a ainsi immédiatement fait savoir qu’il ne retenait pas l’éventualité d’un acte de malveillance dans le triple déboulonnage d’une lame d’acier de dix kilos, tandis que François Hollande soulignait, dans son entretien du 14 juillet, « la fraternité » d’une « population qui est venue spontanément ». Dès le 15 juillet, Libération, plus docile que jamais avec le pouvoir, poursuivait sur cette ligne épurée en titrant sur « Les  « détrousseurs de cadavres » imaginaires », contredisant notamment la déléguée du syndicat de police Alliance, Nathalie Michel, qui, sur Europe 1, parlait dès le 12 juillet d’un « groupe de jeunes (qui) a feint d’aider les blessés pour mieux les détrousser ». Des jets d’objets contre les forces de l’ordre, confirmés par d’autres policiers, n’ont pas davantage éveillé l’indignation de Manuel Valls. Quatre hommes interpellés ont été relâchés. Circulez, rien à voir ?
Il me semble, au contraire, qu’une commission d’enquête serait utile. L’Intérieur, qui s’est illustré par de récents enfumages (Manif pour tous, émeutes du Trocadéro, Clément Méric), a perdu de sa crédibilité. Il fait peu de cas de témoignages supplémentaires de policiers qui parlent aussi d’individus « dépouillant » des victimes et de « caillassages ». Il y avait sur place une centaine de policiers et une demi-compagnie de CRS afin de maintenir l’ordre. Le Monde, qui a interrogé un témoin direct, confirme : « Quelques jeunes auraient essayé de profiter de la situation. Certains ont tenté de voler des affaires éparpillées. D’autres ont filmé les scènes dramatiques avec leur téléphone ». Des agents de surveillance de la SNCF disent avoir vu des personnes pénétrer dans des voitures « de première classe ». Ces informations éparses décrivent bien, au bout du compte, des comportements qui n’ont rien à voir avec la fraternité louangée par le chef de l’Etat. Valls vient opportunément d’arrêter, en France, un norvégien d’extrême droite, Varg Vikernes, soupçonné d’être « une menace potentielle pour la société ». Ne pourrait-il faire preuve d’une même détermination pour lever prioritairement les zones d’ombre sur les circonstances de l’accident de Brétigny ? Si des barbares ont sévi, le scandale serait que l’Etat cherche à sous-estimer ce fait.

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