Le message lancé par les Grecs, à l’issue des législatives de dimanche, est celui du rejet du monde politique qui, depuis quarante ans, à contribué aux désastres économiques et humanitaires du pays. Quand l’extrême gauche et la gauche françaises s’approprient bruyamment ce lundi la victoire d’Alexis Tsipras, leader de la gauche radicale (Syriza), ces formations confirment qu’elles n’ont rien compris à la crise de la politique, née de l’incompétence des partis en place. La France souffre tout autant des démissions et des insuffisances de la droite et de la gauche, alliée au PC, aux Verts et aux mélanchonistes, qui tentent de faire oublier leur collaboration d’hier avec le pouvoir. S’il faut se réjouir de ce scrutin législatif, c’est parce que les Oubliés vont enfin tenter de reprendre leur destin en mains. En 2011, Georges Papandréou avait dû renoncer, sous la pression des élites européennes, à organiser un référendum sur le plan de sauvetage et ses conséquences pour ses citoyens. On peut supposer que si les électeurs avaient été consultés, qui plus est dans ce berceau de la démocratie, des erreurs auraient pu être évitées. Ce même mépris avait conduit Nicolas Sarkozy à contourner en 2007 le rejet de la Constitution européenne par les « nonistes » de 2005. C’est cette indifférence hautaine des dirigeants et des partis pour les réalités, la vie des gens et leurs difficultés, qui est insupportable. C’est pourquoi il est affligeant d’observer la fantomatique gauche française, qui a sa large part dans le déclin du pays, se présenter en sauveur de la nation, tel un Lazare ressuscité par Tspiras. Pour les miracles, il faudra repasser… Le profil du nouveau premier ministre, issu de la gauche marxiste la plus sectaire et antilibérale, n’est évidemment guère encourageant. En cela, j’avoue qu’il modère sérieusement mon enthousiasme. Entendre Cécile Duflot, Pierre Laurent, Gérard Filoche ou Jean-Luc Mélenchon lui tresser des lauriers, sous fond sonore d’Internationale entonnée hier soir à Athènes, ne fait pas du leader de Syriza, a priori, la fourmi attendue aux pays des cigales. Mais Tsipras, désigné (avec 36,3% des voix) au terme d’un scrutin à la proportionnelle intégrale (avec prime de 50 députés supplémentaires au parti arrivé en tête) reste lui aussi sous surveillance étroite du peuple qui l’a fait, provisoirement, chef du gouvernement. Ce qu’un scrutin a fait, un autre peut le défaire. Reste que son désir réaliste de rester dans l’euro (le voeu des Grecs eux-mêmes) l’oblige à respecter les engagements pris, même si des aménagements de remboursements auront lieu. L’extrême gauche française, qui aimerait l’entendre refuser d’honorer la dette publique et faire une croix définitive sur toute rigueur dans la gestion du pays, risque d’être douchée assez vite.  Dès ce lundi, les premières grimaces ont dû apparaître sur bien des sourires béats, en apprenant que le vainqueur, ne disposant pas de la majorité absolue au parlement, venait de conclure un accord avec le parti de la droite souverainiste, Grecs Indépendants, afin de gouverner ensemble. Quoi qu’il en soit, l’alerte grecque ferait bien d’inciter les partis français à accélérer leur ouverture vers la société civile, avant qu’elle ne rue elle aussi dans les brancards.

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