Plus Emmanuel Macron méprise la presse, plus elle lui cire les pompes. La prestation du chef de l’Etat, mardi au Burkina Faso, devant des étudiants de l’université de Ouagadougou, a été unanimement saluée par des commentateurs envoutés. J’avoue pour ma part m’inquiéter un peu de l’engouement pour un personnage si visiblement arrogant, méprisant, désinvolte. « Je n’ai pas de tabou, je n’ai peur de rien », a expliqué hier celui qui s’aime par-dessus tout. Il n’est pourtant pas difficile de noter, derrière l’enflure des propos, des contradictions qui disent l’insincérité de l’acteur. Outre que Macron apparaît empli d’interdits et de craintes quand il s’agit de répondre, en France, à l’insécurité identitaire de ses compatriotes, il se contredit d’une ligne à l’autre dès qu’il défend une modestie apparente. Ainsi, il déclare à la jeunesse africaine : « J’appartiens à une génération qui ne vient pas dire aux Africains ce qu’ils doivent faire ». Mais, dans le même discours, il lance à plusieurs reprises : « Je veux partout en Afrique…  » ceci ou cela. La manière grossière et hautaine avec laquelle le chef de l’Etat a humilié publiquement le président burkinabé, Marc Christian Kaboré, réduisant sa fonction à l’entretien de la climatisation dans les universités du Burkina, dit bien la méchanceté qui habite ce prêcheur de bienveillance. Cette ivresse de lui-même, souvent observée chez ce personnage qui n’est pas loin de se prendre pour Napoléon, n’est guère éloignée de celle de Donald Trump. Mais lui, au moins, a le mérite de ne pas se revendiquer en Jupiter.
Cette macromania, qui rappelle l’horripilante obamania, est le symptôme d’une démocratie qui ne tourne plus rond. Certes, il a été heureux d’entendre le président répondre à un étudiant, à propos du scandale de l’esclavage d’hommes d’Afrique noire en Libye : « Mais qui sont les trafiquants ? Ce sont les Africains, mon ami ! ». Son invitation à applaudir l’armée française en Afrique a été aussi une autre réplique à saluer. Reste que, jusqu’alors, le culte de la personnalité, le parti unique, le vote à mains levées, la presse domestiquée, étaient les accessoires des régimes autoritaires et agonisants. Observer la majorité des journalistes critiquer systématiquement le président américain mais trouver Macron formidable quand il va bien au-delà des mauvaises manières du pestiféré dévoile, à tout le moins, une dérangeante mauvaise foi. Ce parti pris est mis au service de la protection d’un système, européiste et mondialiste, dont le macronisme est le nom. Le président peut donc continuer à s’essuyer les pieds sur les médias : la plupart d’entre eux ne contesteront jamais sa posture « progressiste » et anti-populiste. Elle a fait dire à Macron, devant les étudiants ravis, que « les crimes de la colonisation européenne sont incontestables ». Mais alors, pourquoi tant d’ex-colonisés, ou leurs enfants, rêvent-ils de rejoindre leurs anciens bourreaux ?
Je participerai, ce mercredi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)

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