Ce lundi à 8h, l’Allemagne a fermé ses frontières avec cinq voisins, dont la France. Afin de protéger leur pays de la pandémie du coronavirus, les policiers allemands ont reçu ordre de refouler quiconque n’est pas transfrontalier ou transporteur de marchandises. Cette décision est pareille à celles prises par l’Italie, l’Autriche, la Pologne, le Danemark, etc. Le choix d’Angela Merkel rend d’autant plus saugrenu l’entêtement d’Emmanuel Macron à mépriser les frontières nationales. « N’en déplaise à certains, le virus ne connaît pas les limites administratives », avait-il déclaré le 28 février à Naples. Une affirmation reprise, jeudi soir, lors de son intervention télévisée destinée à alerter sur la gravité du Covid-19 : « Le virus n’a pas de passeport, pas de frontières nationales ». Appelant à « faire bloc », il a néanmoins fustigé « le repli nationaliste », en ne renonçant pas à politiser son choix de maintenir une société ouverte, à la veille du premier tour des élections municipales. La France serait-elle la seule à avoir raison de considérer les protections territoriales comme sanitairement inutiles et idéologiquement dangereuses? En réalité, une fois la crise passée, Macron aura à s’expliquer sur son pêché d’orgueil. Son narcissisme le pousse à surjouer, dans une communication théâtralisée, un rôle de leader européen, tandis que l’Union européenne s’éparpille et que l’espace Schengen se disloque sous le poids des nations renaissantes. Ce lundi, il doit s’entretenir avec la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Layen, le président du Conseil Charles Michel et la chancelière allemande pour un éventuel renforcement des contrôles aux frontières extérieures de Schengen. Mais ce combat-là revient à perdre du temps dans l’offensive à mener contre le virus, transporté par des hommes. Taïwan (23 millions d’habitants), qui est à 130 km des côtes chinoises, a su maintenir l’épidémie à distance (49 cas, un décès) en ayant opté dès le départ, notamment, pour un contrôle drastique des entrées. Le gouvernement a d’ailleurs du mal à croire en ce qu’il dit quand il assure que « les frontières physiques n’ont pas de sens pour un virus ». Ordonner la fermeture des lieux de rencontre et prôner le confinement des personnes âgées, comme l’a fait le premier ministre Edouard Philippe samedi soir, est une autre manière d’admettre la nécessité de se protéger des autres. En réalité, cette querelle idéologique menée par la macronie est totalement inappropriée. Elle relève de la faute politique, tant semble préoccupante la menace à venir. « On voit la vague arriver », a prévenu ce matin (LCI) Philippe Juvin, le patron des Urgences à l’hôpital Georges Pompidou, à Paris. Si j’ai pu, ici même, m’interroger un temps sur la question de savoir s’il fallait s’inquiéter à ce point de ce que certains professionnels présentaient comme une grippe sévère, les informations dont on dispose désormais sont toutes autres. Ce coronavirus risque de faire jusqu’à 300.000 morts en France, avouent désormais de nombreux spécialistes. Or, dans cette guerre empoisonnée, la France est vulnérable en dépit de la qualité de son système hospitalier. Dans certains hôpitaux, les capacités de réanimation sont déjà dépassées. Il est ahurissant de constater que beaucoup de médecins et de soignants, en première ligne, n’ont toujours pas de masques de protection tandis que commencent à manquer les respirateurs. Pour leur part, les Français n’ont toujours pas accès aux masques ni aux tests de dépistage, qui commencent pourtant à être généralisés dans d’autres pays. Ce soir, le chef de l’Etat prendra à nouveau la parole. Il annoncera très probablement le report du second tour des municipales. Mais il doit aussi expliquer comment il compte armer la France face à cet ennemi invisible et cruel. Je participerai, ce lundi, à L’heure des pros 2, sur CNews (20h10-21h)

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