L’étonnant est qu’ils s’étonnent. La résistance du FN face à la coalition menée par le PS dans la 4 e circonscription du Doubs, qui ne l’a emporté dimanche qu’avec 863 voix d’avance, semble surprendre les états-majors. « Il y a le feu au lac », estime Jean-Christophe Cambadélis, le patron du PS. « Nous sommes sur le fil du rasoir », renchérit le premier ministre, Manuel Valls. « C’est un électrochoc. Nous n’avons pas fait le travail qu’attendaient les Français », avoue Bruno Le Maire (UMP). Mais qu’ont-ils dans les yeux et les oreilles, tous ces politiques qui découvrent qu’ils sont à côté de la plaque et ne sont plus compris des citoyens? Pour ma part, je ne compte plus le nombre d’essais, d’articles ou de blogs que j’ai pu écrire depuis près de vingt ans pour tenter de secouer la droite officielle assoupie et trop souvent transparente. Hier soir, le candidat socialiste Frédéric Barbier, vainqueur à l’arrachée (51,43%) du second tour, à remercié l’UDI, le Modem, mais aussi Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Dominique Bussereau, Gérard Larcher, Jean-Christophe Lagarde, François Bayrou : des soutiens s’ajoutant à ceux de gauche, parrainés par François Hollande, le premier ministre et le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, tous deux venus sur ces terres socialistes qui avaient élu Pierre Moscovici. Ce lundi, Laurent Joffrin écrit dans Libération : « Les questions d’immigration et d’islam – la politique de l’identité comme disent les Anglo-Saxons – sont bien au cœur du malaise français ». Mais c’est cet éditorialiste qui, hier encore,dressait les listes noires des journalistes coupables de dire ce qu’il découvre aujourd’hui avec trente ans de retard. Avouons-le : droite et gauche n’ont pas volé ces coups de pied aux fesses que les électeurs excédés commencent à leur distribuer. La campagne de dénigrement moral de la candidate FN, Sophie Montel, n’a l’a pas empêchée de gagner 6 259 voix et de menacer sur le fil son concurrent surprotégé. Les cantonales du 22 mars annoncent de semblables rebellions démocratiques, qui se lisent aussi dans les abstentions (dans le Doubs, elles ont néanmoins été en baisse de 10%, pour atteindre les 50%).  Il reste désormais peu de temps à l’UMP et au PS pour se ressaisir avant l‘échéance présidentielle de 2017. Nicolas Sarkozy, samedi devant le conseil national de l’UMP,  a expliqué son objectif : « La reconstruction d’un véritable corpus idéologique ».  C’est peu ou prou ce que laisse aussi entendre Valls quand il admet que la gauche a eu le tort de délaisser « la nation, la patrie, la république ». Et il faut croire que le thème du « péril islamiste », défendu par la candidate FN, a visé juste en dépit des procès en xénophobie. En effet, Valls a estimé ce matin qu’il fallait « combattre le discours des Frères musulmans dans notre pays », ainsi que « les groupes salafistes dans nos quartiers ». Sarkozy, pour sa part, a annoncé samedi  que l’islam sera la question « prioritaire » sur laquelle les militants auront à trancher à travers un débat sur l’assimilation.Quand à François Fillon, il a appelé ce même jour « nos concitoyens musulmans à se soulever contre ceux qui instrumentalisent la foi ». Visiblement, UMP et PS vont tenter de mettre les bouchées doubles, dans l’urgence. Mais tout ce temps perdu se rattrape-t-il ?

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