Jean-Marie Le Pen s’estime victime de « la terreur de la pensée unique »: celle qui a poussé sa fille, Marine, à condamner, dimanche, la « faute politique » du président d’honneur du FN. Répondant, dans une vidéo de son « Journal de bord », à une question sur les critiques de Guy Bedos, Madonna, Yannick Noah et, plus particulièrement, Patrick Bruel, Le Pen répond : « On fera une fournée la prochaine fois « . Il se défend bien sûr d’avoir voulu associer Bruel, qui est juif, à une opération d’enfournage. Il dit avoir utilisé ce mot dans son acception usuelle qui désigne une globalisation, un lot. Sans doute. Mais l’ambiguité laisse supposer un antisémitisme qu’il aurait pu aisément éviter en utilisant un autre terme. La rupture avec le fondateur du FN est donc heureuse. Ce n’est pas parce que le politiquement correct s’effondre sous le poids de ses mensonges, dénégations et insultes que le politiquement incorrect devient souhaitable en tout. Si la « pensée unique » consiste à refuser les sous-entendus outranciers d’un homme politique d’expérience et reconnu dans sa maîtrise du verbe, alors je la trouve bénéfique. Lutter contre les interdits de dire ne revient pas pour autant à souhaiter des réflexions débondées, destinées à un public connivent. Marine Le Pen et ses lieutenants ont donc eu raison de se désolidariser du dérapage de trop. Pour autant, j’aimerais que ceux qui scrutent les faits et gestes des Le Pen (la dernière vidéo confidentielle, supprimée, n’est plus consultable que grâce à une « prise d’écran ») pour y déceler l’antisémitisme de l’extrême droite, fassent preuve de la même vigilance de tous les instants pour observer ce qui se passe à l’extrême gauche, alliée à l »islam révolutionnaire ». Au risque de me répéter, j’affirme que l’antisémitisme le plus actif, le plus dangereux, n’est pas dans ce qu’il reste de nostalgiques de Vichy ou de catholiques intégristes accusant un peuple déicide. Ceux-là ne représentent plus rien. En revanche, le nouvel antisémitisme est chez ceux qui, dans la gauche anti-libérale et anti-atlantiste, voient dans le Juif le pouvoir de l’argent, des banques et des réseaux, et dans l’Israélien l’oppresseur des Palestiniens et le nouveau nazi. Or je constate une flexible acuité chez ceux qui ne scrutent que d’un côté, afin de sonner l’alerte nationale dès que Le Vieux sort une provocation de fin de banquet. Sos-Racisme va porter plainte. Très bien. Mais pourquoi cette organisation ne s’alarme pas des dérives de la gauche radicale alliée à l’islamisme, ce nouveau communisme? Pourquoi les Bedos, Noah, Bruel, se taisent-ils ? J.-M. Le Pen est évidemment indéfendable. Mais ses pourfendeurs également.Je participerai, mardi, à Choisissez votre camp, sur LCI (10h10-11h)Je participerai, mercredi, à un débat sur LCP ( 14h-14h30)
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