Furax, le représentant de la CGT, majoritaire à l’usine Goodyear
d’Amiens-Nord. Ce mercredi, sur RTL, Mickaël Wamen a estimé que le patron américain
de Titan International était proche de « l’asile psychiatrique ». Il est
vrai que la lettre envoyée le 8 février par Maurice M. Taylor Junior à Arnaud
Montebourg, rendue publique dans Les Echos de ce jour, ne s’embarrasse pas de
subtilités contre le syndicat et le gouvernement. Ayant renoncé à reprendre Amiens-Nord, Taylor
écrit notamment au ministre du redressement productif : « J’ai visite cette usine plusieurs fois. Les salariés
français touchent des salaires élevés mais ne travaillent que trois heures. Ils
ont une heure pour leurs pauses et leur déjeuner, discutent pendant trois
heures et travaillent trois heures. Je l’ai dit en face aux syndicalistes
français. Ils m’ont répondu que c’était comme ça en France. (…) Vous voulez que
Titan démarre une discussion. Vous pensez que nous sommes si stupides que ça ?
Titan a l’argent et le savoir-faire pour produire des pneus. Qu’a le syndicat
fou ? Il a le gouvernement français (…) » « Ce n’est pas une lettre
incendiaire, c’est une lettre insultante >, a rajouté Wamen. C’est exact.
Reste à savoir si ce qu’écrit brutalement ce « yankee », qui prend
visiblement plaisir à provoquer sa propre caricature, est totalement faux, un
peu exagéré ou malheureusement exact. Pour ma part, je trouve que les attaques
portées contre « le syndicat fou » sont recevables.
 Tout d’abord, Taylor
n’est pas le seul à critiquer l’attitude de la CGT à Amiens-Nord. Le secrétaire
général de la CFDT, Laurent Berger, a estimé que ce syndicat non réformiste portait,
à cause de sa « position dogmatique », une responsabilité dans la fermeture
du site, faute d’avoir voulu négocier un accord pour sauver les 1200 emplois.
En 2007, un tel accord avait permis le maintien du site voisin d’Amiens-Sud où
travaillent un millier de salariés. En l’occurrence, la CGT a donc fait le
choix du chômage et de l’assistanat  plutôt que d’un statut de salarié renégocié à
la baisse. Il est permis de trouver cette attitude irresponsable. Surtout, le
patron de Titan met le doigt sur la faiblesse intrinsèque du syndicalisme français,
due à son absence de légitimité. Rappelons que seuls 8% des salariés sont
syndiqués, surtout dans le secteur public. Le monopole de la représentativité, avalisé
par le pouvoir, repose sur une chimère. Les syndicats n’existent que sous
perfusion de l’Etat, des collectivités locales et des entreprises, puisque les
cotisations ne représentent que 3 à 4%  de
leurs budgets. Si bien que Taylor, en dépit d’un cynisme agaçant,  a raison quand il souligne que la CGT politisée,
qui a appelé à voter Hollande et peut saboter un accord à sa guise, ne tient
que grâce au gouvernement français. Il est bon que ces vieilles vérités oubliées
soient rappelées…
Je participerai, jeudi, à On refait le monde, sur RTL
(19h15-20h)

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