Croire en Emmanuel Macron ? La crise de confiance s’est installée entre le président et la société civile dont il se réclamait. Pour n’avoir rien compris à la révolte initiale des Gilets jaunes, récupérés depuis par une extrême gauche crépusculaire, le chef de l’Etat s’est isolé de nombreux citoyens en quête de sincérité politique. Son culte du héros, qui se traduira ce lundi aux Invalides par un hommage national aux treize soldats morts accidentellement au Mali, exalte un courage qui a quitté les rangs de la politique intérieure. Cette théâtrocratie cache l’esprit capitulard qui se dissimule souvent au cœur du pouvoir. Affligeante de conformisme a été, par exemple, la réflexion de Jean-Paul Delevoye, vendredi. Le haut-commissaire aux Retraites a plaidé pour l’arrivée en Europe, d’ici 2050, de « cinquante millions de populations étrangères pour équilibrer la population active » et donc payer nos retraites. Un tel raisonnement, faisant fi du coût social et culturel d’une immigration qui tire les salaires vers le bas, fait partie des idées simplistes que l’on croyait devenues risibles. C’est ce même Delevoye qui a dit aussi : « On est à un moment très malsain de notre démocratie où on cherche à jeter en bouc émissaire : hier c’était le juif, aujourd’hui c’est le musulman, après-demain se sera encore un autre ». Cet amalgame indécent, qui est celui des islamistes geignards, fait comprendre l‘aveuglement des élites face aux menaces. La préfecture du Rhône, elle, a envoyé une lettre à l’université Lyon-II l’invitant à « mieux faire connaître l’islam dans la société » (Le Figaro de ce jour)…. Dans ce contexte de défiance, d’idées toute faites et de pusillanimité, la nécessaire réforme des retraites est mal partie. D’autant que le chef de l’Etat a contribué à obscurcir les enjeux en ayant envisagé un temps, avec la « clause du grand père », un report de la réforme aux futures générations. Si l’on suit Boileau (« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément »), les retraites, conçues notamment par Delevoye et sa pensée automatique, sont tombées dans le grand flou qui annonce l’improvisation du marchandage. D’autant que le Conseil d’orientation des retraites (COR) a alerté récemment sur l’urgence de résorber, avant toute réforme systémique, le déficit du système évalué entre 8 et 17 milliards d’euros en 2025. Les grèves du 5 décembre sont annoncées comme la résurrection des organisations syndicales et des convergences de luttes. On verra bien. Cependant, il est permis d’en douter. Le 5 décembre mettra surtout en scène des corporations (RATP, SNCF) bien décidées à défendre leurs privilèges, supportés en partie par les contribuables. Des syndicats désertés de leurs syndiqués vont se confronter à un gouvernement en mal de soutien populaire, autour d’un projet « universel » destiné à une société fragmentée. Ces contradictions pourraient vite devenir insurmontables. Le risque : que le gouvernement batte…en retraite. Je participerai, ce lundi, à L’heure des pros 2 sur CNews (20h10-21h)

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