Derrière la crise grecque se voit la crise française. Si François Hollande se montre si peu enclin à faire la leçon à Alexis Tsipras, c’est parce que le chef de l’Etat se retrouve dans cet idéologue qui a coupé les ponts avec le réel. L’unanimité des socialistes à vouloir préserver la Grèce dans la zone euro est une solidarité de chapelle. La gauche française partage avec l’extrême gauche marxiste de Syriza une même pente pour le laxisme assumé, l’inertie combattante, la procrastination en tout. Pour le bagout aussi. A entendre Tsipras batailler contre les oppresseurs de son peuple, on pourrait croire la Grèce à nouveau entourée de puissances maléfiques. « Les Turcs ont passé là, tout est ruine et deuil », pouvait écrire Victor Hugo parlant de l’enfant de Chio qui réclame « de la poudre et des balles ». Mais cette fois, il n’y a ni Turcs, ni Perses ; ni fascistes, ni nazis. Seulement, une invraisemblable désinvolture collective qui a abîmé le pays. Quand Tsipras fait comprendre, avec son habile rhétorique victimaire, que son pays n’honorera pas ses dettes, ou quand Yanis Varoufakis, l’ex-ministre des Finances, avoue avoir « le dégoût de nos créanciers », Jean-Luc Mélenchon biche et se voit président. La France socialiste, elle, applaudit en sourdine. Elle se prend à rêver de suivre ce même chemin des cigales. Mais cette compréhension, qui se pare d’alibis culturels, confirme surtout une évidence : la France est l’autre « homme malade » de l’Europe.    La diabolisation de l’Allemagne, qui s’étend chez ceux qui ne veulent pas engager les réformes de bon sens, est l’autre face du déclin français. Le rejet de l’austérité, leitmotiv des néo communistes grecs et des socialistes français, est en fait le refus de suivre d’élémentaires rigueurs budgétaires : elles ont fait la bonne fortune allemande et sont en train de sauver les pays qui les appliquent désormais. Le hollandisme, crédité par les Français de 24% de confiance contre 44% à Angela Merkel, ne veut pas voir que son incapacité à moderniser l’Etat et à libérer les énergies rend la nation vulnérable. Une partie de la jeunesse, qui ne trouve pas sa place dans la société, se marginalise et se radicalise. A ce propos, Robin Rivaton a raison de faire remarquer, ce mercredi dans L’Opinion, que la décision gouvernementale d’interdire le covoiturage payant (UberPop, Heetch, Djump, etc.) au nom de la juste concurrence a surtout pour conséquence de pénaliser les utilisateurs. Or ils étaient à 90 % des étudiants dépourvus de transports en commun et ne pouvant se payer un taxi. Apprendre également, hier, que l’armée n’a pas les moyens de protéger ses munitions, dont une partie a été dérobée dans un dépôt de Miramas (Bouches-du-Rhône), donne une idée de sa paupérisation. Suivre paresseusement la Grèce relèverait du suicide.

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