Non, il n’y aura pas de 1789-bis. Certes, des salariés frappés par la crise tentent, ici et là, de mimer, dans une radicalité affichée, l’esprit révolutionnaire. Ici, ils menacent de faire exploser leur usine en se faisant interviewer devant une guillotine. Là, ils séquestrent à nouveau des patrons (ceux d’une unité de Michelin viennent d’être libérés) et tentent d’effrayer le bourgeois. Certains d’entre eux, pris au piège de leur mise en scène, iront peut-être jusqu’au bout, encouragés par une extrême-gauche qui n’argumente qu’à travers la violence et l’intimidation. Mais ces possibles gestes suicidaires n’apporteront rien pour personne. Car ce type de mouvement n’a ni projet, ni vision, ni slogan.
Michelet nous le rappelle, dans son Histoire de la révolution: 1789 commença avec Montesquieu, Voltaire et Rousseau. Le XXI è siècle, lui, ne pense plus, en dehors des stratèges de la com’ dont s’inspirent, en fait, ces nouveaux sans-culottes: ils cherchent à tirer profit (comment les en blâmer ?) du système libéral et de ses indemnités négociées par la loi du plus fort. Le silence des intellectuels, déjà noté ici, revient à cautionner une société à bout de souffle. Ainsi, la mort, vendredi à Oxford, du philosophe polonais Leszek Kolakowski est passée inaperçue en France. Ses critiques voltairiennes du postmodernisme et du relativisme culturel mériteraient pourtant d’être entendues. Faudrait-il avoir peur des idées?

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