Michel Sapin est de ceux qui font du mal à la politique et à
sa crédibilité. Il est devenu le parangon de la désinvolture et du toupet. La France « tient impeccablement les
dépenses » et a « pris ses responsabilités », a ainsi assuré ce mercredi
le ministre des Finances en commentant le budget 2015. C’est ce qui explique sans doute que
la dette publique vient de franchir les 2 000 milliards d’euros (30.300 euros
par Français, bébés compris). Celui qui avait promis avec emphase la baisse du
chômage et des déficits cautionne cette fois-ci la prévision d’une croissance
de 1% en 2015. Mais comment croire  cet apparatchik
qui, avec une assurance désarmante, dit n’importe quoi ? D’ailleurs le Haut
conseil des finances publiques a immédiatement qualifié « d’optimiste »
cet objectif annoncé. Sapin n’est évidemment pas le seul à afficher une
telle indifférence pour ceux à qui il s’adresse. Cela fait quarante ans que les
Français se font gruger par une classe politique qui a décidé, droite et gauche
confondues, de faire vivre le pays à crédit. Mais le niveau de la dette est
devenu tel que la nation, liée à des créanciers étrangers, a perdu pour
longtemps sa souveraineté financière. « La France coule », titre ce
mercredi Le Figaro. Pour autant, on apprend par exemple que les crédits alloués
à l’aide médicale d’Etat (AME), dispositif qui offre la médecine gratuite aux
clandestins (plus de 600 millions d’euros pour 2014) seront augmentés de 73
millions supplémentaires en 2015.
Cette addiction à la dette, aggravée par les taux d’emprunt
dérisoires qu’offre actuellement le « dealer de crédits » qu’est la Banque
centrale européenne de Mario Draghi, rend évidement la France à la merci de la moindre saute d’humeur
de ses prêteurs, de la moindre panique boursière. D’autant que les mesures d’économies
que le gouvernement ne cesse de promettre sont très en-deçà des urgences. L’histoire
nationale montre, en tout cas, que les endettements insupportables mènent
souvent à des révolutions. Les déficits accumulés par les rois – qui furent de
ce point de vue aussi irresponsables que leurs successeurs républicains – conduisirent
notamment à 1789. Les petits épargnants et les rentiers de l’époque furent les
premières victimes des « assignats », cette monnaie fictive gagée sur les
biens de l’Eglise et créée pour tenter d’éviter la banqueroute. Mirabeau disait
d’elle : « Douter de la valeur de l’assignat c’est douter de la
révolution, c’est un crime ». Ce à quoi la rue insolente chantonnait : « Les écus sont les écus, les assignats des torche-culs ». Si le pouvoir socialiste
persiste à se comporter avec une telle irresponsabilité, qui se retrouve
également sur bien d’autres sujets tout aussi explosifs, le peuple pourrait
bien décider de répéter l’histoire.

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