La Macronie, paradis des technocrates et des énarques, adore les usines à gaz. Le prélèvement de l’impôt à la source sera son chef d’œuvre. En attendant, le futur service national universel obligatoire s’annonce gratiné. Ce lundi, les Républicains ont dénoncé le flou du projet, alertant sur un dispositif « très cher » et qui nécessiterait « un déploiement humain important ». Ces remarques sont pertinentes : le service est évalué à près de trois milliards d’euros par an et rien n’est dit de l’encadrement, que l’armée ne semble pas décidée à assurer. Néanmoins, l’opposition ne s’est pas arrêtée à l’intitulé de cette promesse faite par le chef de l’Etat. Fruit de sa « pensée complexe » et de son goût du « en même temps », l‘association du national et de l’universel laisse pourtant entrevoir un grand n’importe quoi. Il paraît en effet difficile de concilier un service national, c’est-à-dire voué à la promotion des valeurs patriotiques qui fondent une nation homogène et délimitée par des frontières, et un service universel, c’est-à-dire ayant la prétention de dépasser le vase-clos de la nation et de son identité pour s’adresser à l’humanité et à son universalisme. Musset avait écrit une pièce de théâtre : « Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée ». Macron propose une œuvre déglinguée : « Il faut qu’une nation soit en même temps ouverte et fermée ». Ce centrisme du cul entre deux chaises, pilier d’En Marche !, est masqué par l’apparente détermination du président. « Je fais ce que j’ai dit », répète-t-il à l’envi. Mais ce qu’il dit est trop souvent verbeux, brumeux, fumeux.
Cette imprécision dans l’intitulé se retrouve dans les pistes évoquées. Le service national universel ne sera pas ce moment privilégié où les jeunes, tous rassemblés, pourraient apprendre ou redécouvrir ce qu’est un pays millénaire, un peuple littéraire, une adhésion aux valeurs de la république, etc. Certes, l’enseignement de « valeurs citoyennes » serait au programme, mais cette transmission-là devrait relever de l’Ecole. En revanche, le tronc commun d’un mois serait consacré, selon Le Figaro de ce lundi, à des activités sportives, à l’apprentissage des gestes de premiers secours et à des comportements à adopter en cas de crise. Bref, ce service national universel a toutes les caractéristiques d’une coquecigrue. Il s’apprête à prendre place dans la série des coûteux gadgets technocratiques, destinés à faire oublier l’essentiel : le séparatisme culturel qui s’installe dans les cités d’immigration. Jean-Louis Borloo croit avoir trouvé la solution en arrosant à nouveau ces « quartiers sensibles » d’un argent public dont on sait pourtant qu’il ne suffit plus à acheter la paix sociale. Ce matin même, j’ai reçu une lettre de Gislaine Kalman, sage-femme à la Goutte d’or, auteur de « Femmes des quartiers » (L’Artilleur). Elle me rappelle que dans son quartier parisien « il n’y a ni tours ni barres et on est à quelques stations de métro de Saint Germain des Prés ». Elle poursuit : « Les services publics y sont nombreux (…) Pourtant les problèmes y sont les mêmes que dans les banlieues soi-disant abandonnées. L’isolement n’est pas géographique, mais bien culturel. Rien ne sert de déverser des milliards ». Déverser des milliards : l’Etat aveugle et ruiné ne sait faire que ça.
Je participerai, ce lundi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)
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