Le masque imposé complète, opportunément, la grande mascarade macronienne : elle est dénoncée ici depuis les premiers pas présidentiels d’Emmanuel Macron, metteur en scène d’un « monde d’après » vide de sens, de vision, de projets, de dépassements. Tout cet été, le discours dominant a martelé que l’épidémie de Covid-19 restait active et que la deuxième vague se profilait : un alarmisme ne reposant, jusqu’à présent, sur aucun fait à ce point dramatique. Mais fabriquer des peurs, avec l’appui d’experts choisis, est la pente du pouvoir qui perd pied et de médias moutonniers. Après avoir entendu Olivier Véran, ministre de la Santé, déclarer solennellement ce mois d’août qu’il fallait « rechercher la fraîcheur à tout prix » quand il faisait chaud, voici le premier ministre, Jean Castex, qui envisage d’étendre le port du masque dans l’espace public, dans une même dramatisation de la vie quotidienne. A Paris comme ailleurs, le masque à l’extérieur devient obligatoire en certains quartiers. L’Occident dévisse, la France s’effondre, la violence se généralise, mais les idées fixes du gouvernement restent le populisme, le réchauffement climatique et le coronavirus. Cette démission est celle d’ »élites » dépassées, qui se rassurent en expérimentant la docilité de citoyens terrorisés. Toutefois, l’apparente soumission du peuple reste trompeuse. Beaucoup de Français, soucieux de leur prochain, sont prêts à accepter le masque dans la rue. Cette marque de solidarité, qui rompt avec l’individualisme de naguère, dit l’heureuse évolution altruiste des nouvelles mentalités. Toutefois, le risque existe aussi d’infantiliser ceux qui, élevés dans le culte vide du matérialisme immédiat, ne jurent plus que par la sécurité sanitaire maximum. En illustration de cette crainte, voici un extrait de la « Tactique du diable », de l’écrivain britannique et chrétien C.S. Lewis, paru en 1942, que mon ami Roland Jaccard, notamment chroniqueur à Causeur, m’a transmis l’autre jour. (1) « (…) Et comment as-tu fait pour amener autant d’âmes en enfer à l’époque ?  » -Grâce à la peur.  » -Oh, oui, Excellente stratégie, vieille et toujours actuelle. Mais de quoi avaient-ils peur ? Peur d’être torturés ? Peur de la guerre ? Peur de la faim ? « – Non. Peur de tomber malade. « – Mais personne d’autre ne tombait malade à l’époque ? « -Si, ils tombaient malades. « – Personne d’autre ne mourait ?  » -Si, ils mouraient.  » -Mais il n’y avait pas de remède à la maladie ?  » -Il y en avait.  » -Alors, je ne comprends pas.  » -Comme personne d’autre ne croyait ou n’enseignait sur la vie éternelle et la mort, ils pensaient qu’ils n’avaient que cette vie, et ils s’y accrochaient de toutes leurs forces, même si cela leur coûtait « leurs affections (ils ne s’embrassaient plus, ne se saluaient plus, ils n’ont eu aucun contact humain pendant des jours et des jours !), leur argent (ils ont perdu leur emploi, dépensé toutes leurs économies et pensaient encore avoir de la chance parce qu’ils n’avaient pas à gagner leur pain ! »), leur intelligence (un jour la presse disait une chose et le lendemain elle se contredisait, pourtant ils croyaient à tout ! ), « leur liberté (ils ne sortaient pas de chez eux, ne marchaient pas, de rendaient pas visite à leurs proches … C’était un grand camp de concentration pour prisonniers volontaires, Ahahahahah !). Ils ont tout accepté, tout, tant qu’ils pouvaient prolonger leur misérable vie un jour de plus. Ils n’avaient plus la moindre idée que c’est Lui, et Lui seul, qui donne la vie et la termine. « Ca s’est passé comme ça ! « Ca n’avait jamais été aussi facile ». La question est de savoir si les Français, apeurés et déboussolés, sont encore prêts à tout accepter, au nom de l’Ordre sanitaire et de son hygiénisme médiatisé. La servitude volontaire, décrite par La Boétie, est un piège qui demeure. Le masque dans la rue peut aussi être vu, dans son obligation politique abusive, comme une muselière, un bâillon, une entrave à la liberté. Dans les années soixante, De Gaulle confiait à ses interlocuteurs : « Les Français sont des veaux, des dégonflés ». Il y a, il est vrai, un somnambulisme inquiétant. Mais, pour ma part, je fais néanmoins le pari du réveil et de la révolte. Il suffit d’une minorité. La mascarade a assez duré. (1) Rajouté à 17h30, ce lundi : des intervenants assurent que ce texte, présumé avoir été publié en 1941 dans The Guardian, ne serait pas de C.S .Lewis. D’autres sources me disent qu’il y aurait eu deux éditions du livre et que l’extrait, partie d’un feuilleton, serait dans l’une mais pas dans l’autre…Cela ne change rien à mon propos, mais ce doute doit être noté, et levé si possible.

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