« Je n’ai jamais pris un retraité pour un portefeuille ». C’était Emmanuel Maron, le 12 avril dernier sur TF1 face à Jean-Pierre Pernaud. Ce jour-là, le président multipliait les cyniques remerciements à « nos ainés », dont une majorité d’entre eux venaient d’apprendre qu’ils allaient être soumis à une hausse de la CSG, donc à une perte de leur pouvoir d’achat. Mais il faut croire que cette catégorie sociale, peu démonstrative dans ses colères, est vue comme un bon filon par le gouvernement. Hier, dans le JDD, le premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé une nouvelle diète : les retraites ne seront plus indexées sur l’inflation qui repart à la hausse (elle sera de 2,3% en juillet) mais connaîtront une revalorisation annuelle de 0,3%. Pour les « séniors », c’est donc un nouveau manque à gagner qui s’annonce. Cette fois, Philippe a eu la délicatesse d’éviter de leur dire merci. Si un retraité n’est pas un portefeuille, c’est une vache à lait. Il paie une docilité qui devient une injustice. En effet, Macron se garde bien, dans sa quête légitime au désendettement de la France, de s’en prendre avec une égale constance aux fonctionnaires d’Etat dont la masse salariale absorbe chaque année 13% du PIB, comme l’a rappelé ce lundi Gérard Larcher, président du Sénat, sur Europe 1. Seuls 1 600 postes ont été supprimés en 2017. Ils devraient être 4 500 cette année : des gouttes d’eau. Cette pusillanimité dans la réforme de l’Etat tentaculaire explique mieux la facilité consistant à ponctionner toujours davantage ceux qui ne se mettront jamais en grève…
En réalité, le pouvoir n’ose pas penser les retraites en dehors de la « répartition » imposée initialement par l’idéologie du régime de Vichy, et qui fut reprise par le Conseil national de la résistance. Cette paralysie du raisonnement n’est pas propre à la macronie : elle est celle de l’ensemble du monde politique français. C’est toujours ce même principe, élevé en tabou, qui reste défendu aujourd’hui alors même que la retraite par répartition arrive à bout de souffle, les cotisants n’était plus en nombre suffisant pour payer pour ceux qui partent en retraite après avoir cotisé toute leur vie. C’est sur cette même construction aléatoire (la pyramide de Ponzi) que le financier Benard Madoff avait conçu son escroquerie. Ce que Macron désigne comme la « beauté du système français » est en réalité une machine infernale. Elle ne peut se nourrir, faute de revenus adéquats, qu’en agressant davantage les retraités et en faisant venir toujours plus d’immigrés chargés de pallier les cotisations manquantes. C’est pourquoi le devenir des retraites devrait être posé dans son essence, en permettant au système par capitalisation de jouer également son rôle. Or le poids des interdits idéologiques empêche d’explorer cette solution, qui est celle de nombreuses démocraties. Faudra-t-il attendre l’effondrement du système français pour se réveiller ? Dans ce domaine aussi, la somnolence, la pensée conforme et l’anti-libéralisme doctrinaire font des ravages.
Rendez-vous hebdomadaires : dès cette semaine, je participerai chaque mercredi sur LCI au Club Pujadas (18h-19H30) et chaque vendredi sur CNews à l’Heure des pros (9h-10h30) puis à Ca se dispute (21h-21h45). Et toujours : On refait le monde, sur RTL, une fois par semaine en général.

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