La profanation, mardi, d’une trentaine de tombes du cimetière catholique de Tracy-sur-Mer (Calvados) ne verra pas la république se déplacer. Manuel Valls s’est contenté de son compte twitter pour dire son « sentiment de dégoût et d’indignation ». « Assez ! », a écrit le premier ministre, en référence à la profanation de 250 tombes du cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin) qui a suscité la venue de François Hollande, mardi. L’indifférence portée aux catholiques n’est évidemment pas une nouveauté. Elle se lit jusque dans la Loi Macron, prétexte à une crise politique au sein de la gauche déboussolée et sans repères. Samedi, en catimini, l’Assemblée nationale a en effet adopté un amendement, déposé par la députée socialiste de La Réunion, Ericka Bareigts, autorisant à remplacer les jours fériés liés aux fêtes chrétiennes par des « jours fériés locaux », dans les départements et régions d’outre-mer. En clair, le lundi de Pâques, l’Ascension, le lundi de Pentecôte, l’Assomption et la Toussaint pourraient disparaître au profit de fêtes religieuses exigées par des minorités. Cet amendement, qui poursuit la mise à l’encan du dimanche férié, est une autre expression du mépris dans lequel le catholicisme est tenu. Dimanche, dans un communiqué publié après l’égorgement en Libye de 21 chrétiens coptes par des djihadistes de l’Etat islamique, l’Elysée s’est contenté de « condamner avec la plus grande fermeté l’assassinat sauvage de 21 ressortissants égyptiens », sans mentionner leur religion : une omission volontaire, révélatrice de la crise d’identité qui traverse la société et ses élites. Mais comment la nation peut-elle prétendre intégrer et donner du sens si elle n’ose rappeler ses propres racines, judéo-chrétiennes en l’occurrence ? L’oubli de soi est le mal dont la république doit se guérir, si elle entend s’affirmer dans son autorité ébranlée par l’islam radical et son communautarisme. La honte que montre la France officielle à s’affirmer comme héritière d’une culture millénaire est une faiblesse propice aux tables rases. L’Oeuvre d’Orient a raison de s’indigner de la prudence élyséenne. Hier, selon La Croix de ce mercredi, elle a dit son « souhait que l’appartenance religieuse chrétienne des victimes (syriennes) ne soit pas escamotée » et que « la France présente ses condoléances au patriarche copte ». Pour sa part, le porte-parole des évêques de France, Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, a dénoncé, mardi, « une attaque forte contre la religion catholique » dans l’amendement à la loi Macron . « Nous ne pouvons l’accepter (…) Il est illusoire en effet de penser que cela resterait demain à l’outre-mer ». Il est heureux de voir ainsi l’Eglise cesser de tendre l’autre joue. D’autant que l’islam politique, en quête de toujours plus de visibilité, attend la première occasion pour s’imposer dans le calendrier. Mais c’est d’abord à la gauche au pouvoir de mesurer les conséquences de son indifférence pour la mémoire catholique, en pleine vitalité comme l’a montré La Manif pour Tous. Lundi, sur RTL, le premier ministre a jugé très justement qu’il fallait « comprendre notre propre histoire, d’où nous venons, nos valeurs, notre identité (…) Oui, il faut apprendre à aimer, lucidement, mais à aimer ce que nous sommes et d’où nous venons ». Mais alors, pourquoi le pouvoir s’obstine-t-il à faire l’inverse ?
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