Pour Jean-Luc Mélenchon, interrogé récemment par Marianne, « Macron utilise les outils de la modernité, mais il ne comprend pas son époque ». De ce point de vue, Mélenchon a raison : le chef de l’Etat se trompe dans son analyse purement économique. Elle lui fait croire que les problèmes sociétaux s’arrangeront avec le retour de la croissance et de l’emploi. La Turquie ou la Chine, qui connaissent des croissances fortes, poursuivent néanmoins leurs dérives dictatoriales. La bonne santé économique de l’Allemagne d’Angela Merkel n’a pas empêché, dimanche à l’issue des législatives, la spectaculaire percée populiste (13%) de l’afD, qui critique la politique migratoire de la chancelière et met en garde contre l’islamisme. Il faut être aveugle et sourd – les deux caractéristiques de l’idéologie – pour croire que les problèmes existentiels des Français se résumeraient à des questions de confort et de sécurité dans le travail. De la même manière, la vision post-nationale et universaliste d’Emmanuel Macron, qui rêve d’un monde sans frontières comme d’autres utopistes espéraient un monde sans classes, est démentie par les faits : l’actuel désir des Kurdes et des Catalans d’avoir leur propre nation s’inscrit dans un mouvement plus général de retour aux sources, aux différences. En fait, les idées que défend le macronisme sont déjà mortes. C’est pour cela qu’il est voué à l’échec.
Reste que Mélenchon, non plus, ne comprend pas si bien son époque. Il a certes des intuitions et des fulgurances littéraires qui lui font regarder avec raison du côté du peuple en colère et de l’internet, outil du contre-pouvoir qui se met en place. Cependant, son appel, samedi, à « déferler » sur les Champs Elysées est celui d’un leader coupé d’une partie de la société, qui souffre de lentement disparaître. Mélenchon reste d’abord l’héritier de « cette immense imposture que fut le communisme du XX e siècle », comme l’écrit Stéphane Courtois (1). Son entêtement à défendre le totalitarisme vénézuélien dit sa pente et sa dangerosité. Son recours au mensonge grossier, samedi, pour prétendre que la rue avait chassé le nazisme est de ces contre-vérités que produisent les pratiques totalitaires. Mélenchon a oublié de dire que la rue avait en revanche affronté l’horreur collectiviste à Berlin, Bucarest, Prague, etc. J’étais, samedi à Paris, en observateur parmi les quelques 30.000 manifestants Insoumis. J’y ai vu la vieille gauche nostalgique, avec ses bonnets phrygiens, ses odes aux sans-culottes, à Robespierre, aux Canuts. La jeunesse était peu représentée. J’ai vu un monde décontenancé, rêvant d’un Grand Soir qui ne viendra pas. Ce n’est pas de leurs rangs, ni du macronisme, que viendra la révolution. Je la crois conservatrice, et inexorable.(1) Lénine, l’inventeur du totalitarisme, Perrin
Je participerai, ce lundi, à 24 heures Pujadas sur LCI ( 18h10-19h20).
Je participerai, mardi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20H)

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