Si Nicolas Sarkozy avait dit : « Nos ancêtres les Arabes », son audace aurait été saluée par tous les tenants des identités multiples, des histoires plurielles, des blessures coloniales, des repentances unilatérales, des réécritures du passé, etc. Ceux-là monopolisent les médias audiovisuels et se pressent dans les couloirs de l’Education nationale. Mais le candidat à la présidentielle a dit : « Dès que vous devenez français, vos ancêtres sont gaulois ! ». Pour les défenseurs du multiculturalisme, fossoyeur de la mémoire collective et de la nation indivisible, cette évocation en creux de la France assimilatrice est un scandale. Ces indignés n’ont rien dit du sondage Ifop pour l’institut Montaigne, paru dimanche, qui montre que 50% des jeunes musulmans de France se réclament d’Allah et de la loi islamique (charia). En revanche, ils trouvent intolérable de rappeler que l’histoire de la France ne commence pas avec l’arrivée récente des nouvelles minorités ethniques et religieuses, mais qu’elle a sa source dans un passé millénaire mythifié. Il faut être de mauvaise foi pour feindre de comprendre, comme Bruno Le Maire par exemple, que cette évocation symbolique d’une racine gauloise exclurait tous les autres apports. Najat Vallaud-Belkacem, plus péronnelle que jamais, a cru faire la leçon en rappelant à l’ancien chef de l’Etat que la France, c’était aussi « des Romains, des Normands, des Burgondes, des Arabes, des Italiens, des Espagnols », tout en oubliant d’ailleurs les Juifs. Mais la ministre de l’Education connaît mieux que d’autres le travail de sape que mène le Conseil supérieur des programmes, qui revendique sa rupture avec l’enseignement du roman national et avec « l’injonction à l’appartenance » à la patrie, au nom de la valorisation des nouveaux venus.
Il est permis de douter des convictions de Sarkozy. Président, il voulait inscrire la « diversité » dans la constitution, imposer le métissage, faire disparaître l’expression « Français de souche’. Sa conversion à l’assimilation n’impressionnera sans doute pas ceux qui ont rejoint le FN. Reste que ce retour à l’ADN de la France, qui est encore inscrit dans l’article 21-24 du Code civil (‘Nul ne peut être naturalisé s’il ne justifie de son assimilation à la communauté française (…) »), est un louable objectif. La faillite de l’intégration, qui fracture le pays, est la conséquence d’un renoncement de l’Etat à imposer une identité commune construite sur des racines, des mémoires, des héros, des valeurs, des transmissions. C’est bien entendu l’islam conquérant, qui réclame toujours plus de visibilités et d’accommodements, qui est visé par ce retour aux sources. Ce réveil national ne se réduit pas à l’évocation des Gaulois, qui sont néanmoins une réalité pour ceux des cités quand ils désignent ainsi les « Français ». Le retour à l’assimilation oblige à des exigences vis-à-vis de l’islam dominateur et à des discrétions pour les musulmans fiers de leur religion. Un processus de longue haleine doit être engagé par un Etat suffisamment fort pour résister aux réticences prévisibles. C’est une épreuve de force avec l’islam radical qu’annonce en fait Sarkozy avec sa petite phrase. Pour ma part, je renouvelle ma proposition faite dans La guerre civile qui vient (page 186) d’un référendum pour trancher la question du choix entre une République multiculturelle, instrument de l’islam politique, et une nation indivisible reconstruite sur l’objectif de l’assimilation. Les politiques sont trop faibles pour se passer du peuple.
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