Ceux qui s’échinent depuis quatre mois à caricaturer les Gilets jaunes en émeutiers ensauvagés, en factieux, en antisémites-racistes-homophobes, n’arrivent pas à ébranler significativement l’opinion. Selon un sondage Viavoice publié ce mercredi, une majorité de Français (57%) reste solidaire de la révolte populaire, unanimement décriée par le Système et ses commentateurs. 10% des sondés se disent Gilets jaunes et 47% disent les soutenir. Je reconnais bien volontiers faire partie de cette seconde catégorie. Ceux qui annoncent la fin du mouvement, après le saccage des Champs-Elysées, samedi, par des commandos d’extrême-gauche soutenus par des protestataires, doivent se rendre à l’évidence : le pays est traversé par un soulèvement d’une ampleur historique. Les Oubliés ne rendront pas les armes tant qu’ils n’auront pas obtenu leur place dans la république. Continuer à minimiser cette insurrection civique, comme le fait la macronie et ses fers de lance médiatiques, est une erreur d’analyse qui peut s’avérer dangereuse. Car rien ne peut résister à un peuple quand celui-ci arrive, ce qui est désormais le cas avec les Gilets jaunes, à incarner un combat contre l’injustice d’un monde trop fermé. Les insultes, déversées sur les indésirables par l’establishment, n’ont réussi qu’à caricaturer ceux d’en haut dans leur morgue et leur aveuglement. La seule réponse sécuritaire apportée ces jours-ci par le gouvernement n’aura comme effet que d’accentuer le bras de fer. Emmanuel Macron n’est pas Jupiter ; mais il pourrait devenir Néron, à prendre ainsi le risque de l’épreuve de force. La France est plus que jamais inflammable.
Selon le sondage (réalisé les 6 et 7 mars), près de neuf Français sur dix (86%) pensent qu’il faudra « réorienter la politique économique et sociale actuelle ». 78% se prononcent pour la rénovation des « institutions et de la démocratie ». Une majorité (62%) se dit aussi favorable à l’inscription dans la Constitution d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC). Les sondés souhaitent néanmoins que ce RIC, une des revendications prioritaires des Gilets jaunes, soit étroitement encadré et en particulier qu’il ne remette pas en cause « la Constitution ou les libertés fondamentales » (77%). Si 58% des personnes interrogées trouvent que le grand débat a été « une bonne chose », elles sont également 71% à penser que cette initiative présidentielle « est surtout un moyen de communication pour le Président de la République et le gouvernement ». Au total, il apparait que les ploucs du « monde ancien », ridiculisés par le président et sa Cour, sont en réalité porteurs d’une authentique révolution (bloc-notes du 17 novembre 2018). Le « monde nouveau », que Macron prétend symboliser, est un leurre, une posture, un effet de communication. La vraie modernité est aujourd’hui portée par cette contestation qui entend rompre avec un système immobile et injuste. La première victoire des Gilets jaunes, en dépit de leur désorganisation et de leur nouvelle pente vers la violence, est d’avoir éveillé les esprits aux réformes. Macron cessera-t-il un jour de se regarder le nombril ?
Je participerai, ce mercredi, au club Pujadas sur LCI (18h-19h30)
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