Emmanuel Macron a dit une chose juste, dimanche à Orléans: « Il n’y a pas de femme ou d’homme providentiels. Il n’y a que l’énergie du peuple et le courage de ceux qui se jettent dans l’action ». Pour le reste, son hommage à Jeanne d’Arc a atteint la platitude attendue. En dépit de son mètre soixante, les « habits d’homme » de la jeune insoumise restent beaucoup trop grands pour l’ambitieux mais prudent ministre de l’Economie. Il a renouvelé sa vision d’un projet de société « ouverte », c’est-à-dire « qui a toujours su accueillir l’autre et les plus faibles ». Si Jeanne d’Arc reste étonnement moderne, c’est justement parce qu’elle incarne l’insurrection de la société civile de l’époque contre l’effondrement des élites, battues à Azincourt en 1415, et contre la collaboration d’une partie d’entre elles avec l’adversaire anglais. Macron est semblable aux clercs contre qui la Pucelle bataillait et se moquait. Le politiquement correct du candidat non déclaré à l’Elysée est du même ordre que les dogmes que défendaient alors les procureurs de l’Eglise (1). Macron, phénomène médiatique sans guère de consistance, est à ranger aux côtés de ceux qui se réclament du peuple sans l’entendre. C’est aussi la posture de Pierre Moscovici. Dimanche soir sur BFMTV, le commissaire européen, empli d’une suffisance déplacée face à Nicolas Dupont-Aignan, a assuré : « L’Europe n’est pas chrétienne. Je ne crois pas aux racines chrétiennes de l’Europe. L’Europe est diverse ». Jean-François Revel a, comme souvent, visé juste quand il a écrit : « L’idéologie n’étant pas tirée des faits, elle ne se sent jamais réfutée par eux ». Le mépris bravache de Moscovici pour l’histoire, bonne à être balayée, et son plaidoyer pour une  collaboration avec la Turquie réislamisée et conquérante sont autant d’attitudes irresponsables qui ne peuvent que pousser les peuples inquiets à rejeter l’Union européenne amnésique et désarmée, soumise à la loi du plus fort. La révolte populaire qui traverse l’Europe – ce « populisme » qui effraie les faux démocrates – est le fruit de ces classes dirigeantes obsédées par la « diversité » qu’elles veulent imposer de gré ou de force. C’est parce qu’il est musulman que le nouveau maire de Londres, Sadiq Khan, est partout louangé. « C’est un symbole de progressisme et d’européisme », estime Moscovici, parmi d’autres. Ce genre de compliments ethniques ou religieux, venus de personnalités converties à la religion du multiculturalisme, sont autant de boulets que devra traîner le nouvel élu, qui semble mériter mieux que cela. Il aura beaucoup à faire, en tout cas, pour convaincre qu’il n’est pas l’homme d’un communautarisme, mais le produit d’une intégration réussie. En attendant, des islamistes pakistanais, son pays d’origine, se sont réjouis de l’élection d’un musulman contre le « juif millionnaire », Zac Goldsmith.   (1) Le procès de Rouen, lu et commenté par Jacques Trémolet de Villers, Les Belles Lettres

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