La photo va faire le bonheur des magazines. L’Allemande Ursula von der Leyen et la Française Christine Lagarde sont dans l’air du temps, parité et féminisme obligent. La première, ministre de la Défense, a été choisie mardi par les dirigeants des pays européens pour présider la Commission européenne. La seconde, directrice du FMI, a été proposée pour présider la Banque centrale européenne. Toutes deux succèderont à deux hommes : Jean-Claude Juncker et Mario Draghi. Il n’en faut pas plus pour satisfaire un monde médiatique plus soucieux d’apparence que de contenu. Il est vrai que la personnalité de Mme Lagarde, aux ambitions présidentielles enfouies, peut se prêter aux éloges. Il n’en est pas de même pour Mme der Leyen. Outre qu’elle s’est montrée, disent les spécialistes de la Défense, un médiocre ministre, sa conception postnationale de futurs « Etats-Unis d’Europe » va être comprise comme une provocation par ceux qui attendent de l’UE qu’elle s’ouvre aux inquiétudes des gens. C’est la vision d’Emmanuel Macron d’une Europe souveraine, telle que le président l’avait défendue dans son discours de la Sorbonne en 2018, qu’incarnera la future présidente de la Commission, également favorable à une Europe de la défense. « Je suis convaincue que l’armée des Européens verra bientôt le jour », a-t-elle déclaré récemment. Toutefois, derrière la photo reste le spectacle affligeant auquel l’Europe s’est prêtée ces derniers jours. Elle a laissé voir un monde clos, réglant ses comptes et distribuant les postes en petits comités, loin des regards extérieurs. Macron a reconnu lui-même, lundi, « la très mauvaise image » donnée par ces bisbilles incompréhensibles au non-initié. Néanmoins, le chef de l’Etat a lui-même participé à la pétaudière, en tentant d’imposer ses choix initiaux et de faire éclater en vain le PPE, vainqueur des élections. En fait, l’Union a tout fait pour se caricaturer en Cité interdite, avec ses mandarins sourds aux aspirations des citoyens laissés hors les murs. L’avantageux duo féminin est factice. L’image moderne dissimule une UE archaïque, toujours en froid avec la démocratie, le peuple, les souverainetés nationales. Ce sont les processus de décisions de l’UE, confisqués par une élite hors-sol et trop souvent arrogante, qui sont à réformer en urgence. Au risque de voir la vague populiste, qui conteste la construction à marche forcée d’une Europe oublieuse des nations, s’amplifier encore davantage. Je participerai, ce mercredi, au Club Pujadas sur LCI (18h-19h30)Je participerai, jeudi, au Grand dossier sur LCI (20h-22h)
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