La mandelamania est-elle justifiée ? L’unanimisme planétaire autour de l’exemplarité de Nelson Mandela est impressionnant. Seule la mort du chanteur Mickael Jackson avait suscité un tel engouement médiatique. Je le trouve pour ma part excessif, même si je suis admiratif de la cohérence de l’ancien chef d’Etat sud-africain dans son message de réconciliation nationale. La main tendue à l’adversaire et l’appel au pardon de l’ennemi, lancés par un homme ayant passé 27 ans en prison, gardent une résonance morale et religieuse qui force le respect. J‘observe néanmoins que ceux qui, en France, revendiquent le plus véhémentement son héritage sont les premiers à n’en tenir aucun compte. Jean-Luc Mélenchon rappelle : « Nelson Mandela était communiste. Le voilà, aseptisé, qui entre au paradis des braves types, encensé et acclamé par des gens qui ne mériteraient même pas l’honneur d’avoir le droit d’en parler ». Le député (PS) François Eckert dénonce sur le même ton acide les « hommages hypocrites » de ceux qui s’opposent à l’Aide médicale d’Etat (AME)…J’ai cru un instant, ce week-end, que François Hollande allait appliquer la leçon de Mandela, en conviant Nicolas Sarkozy à l’accompagner demain à Johannesburgh. En fait, le président français s’est surtout aligné sur le geste de Barack Obama à ses prédécesseurs. Et les deux hommes ne prendront pas le même avion… Ma réserve sur la mandelamania porte sur son support : cette « nation arc-en-ciel » que serait devenue, grâce à lui, l’Afrique du Sud. Or l’image reste malheureusement un mythe. Mandela a su, certes, briser l’insupportable apartheid. Mais il n’a pu construire une société pacifiée et prospère. Les mariages mixtes y sont très faibles, et le taux de chômage des jeunes Noirs est de 50% et plus. Comme l’expliquait hier Ela Gandhi, petite fille du Mahatma, dans le JDD : « Il va falloir sans doute arrêter de célébrer Mandela et la nation arc-en-ciel, de la vanter, d’en parler sans cesse. Pour la construire vraiment, pour obtenir des résultats. Oui, on le peut ». Ce lundi, dans Le Figaro, Kofi Yamgnane, ancien secrétaire d’Etat de François Mitterrand et candidat à la présidence du Togo, dit sa crainte de voir l‘actuel président d’Afrique du Sud, Jacob Zuma, dériver « sur la pente de la corruption. De nombreux membres de l’ANC (NDLR : le parti de Mandela) sont encore animés par un désir de vengeance. Dans un continent où l’outil principal de la politique est la violence, la situation peut vite dégénérer ». Et vous, que pensez-vous du bilan de Mandela ?Je participerai, ce lundi, à un débat dans le 22 H de Public-Sénat
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