Mon « Hommage à la résistance du peuple suisse », publié vendredi, me vaut (outre les abondants commentaires sur ce blog) un nombre inhabituel de lettres de soutien de lecteurs qui disent se reconnaître dans ce référendum qualifié, par la pensée médiatique et moutonnière, de populiste, nauséeux, délétère, xénophobe; j’en passe. J’avoue cependant m’être senti assez isolé dans la défense publique de cette expression démocratique. Lors de quelques débats télévisés, j’ai dû affronter des donneurs de leçons prêts à justifier, au nom d’un rejet d’une France moisie ou d’un égalitarisme sans recul, les exigences d’un islam conquérant. Aussi ne suis-je pas mécontent de lire ceci, signé de Nicolas Sarkozy dans une tribune publiée par Le Monde daté de ce mercredi: « Comment ne pas être stupéfait par la réaction que cette décision (ndlr: des Suisses) a suscité dans certains milieux médiatiques et politiques de notre propre pays ? » Le chef de l’Etat dénonce l’accusation de « populisme », qu’il voit comme un « mépris du peuple ». Ceux de ses ministres qui se sont joints à la meute retiendront-ils la leçon ?
Le Figaro résume bien, aujourd’hui, le message principal de l’article présidentiel en titrant en une : « Sarkozy rappelle aux musulmans de France leurs droits et leurs devoirs ». La gauche pinaille, ce matin, parce qu’il parle de « celui qui accueille » et de « celui qui arrive », en faisant remarquer que ce dernier est en fait déjà là, et depuis longtemps. Certes, l’immigration musulmane est massivement présente depuis trente ans. Mais, outre que ce fait a été longtemps dissimulé y compris par les démographes officiels, l’Etat avait négligé jusqu’à présent de rappeler à ces nouveaux Français l’obligation qu’ils avaient à respecter le pays hôte, « où la civilisation chrétienne a laissé une trace (…) profonde ». « L’humble discrétion » demandée à tous, et notamment aux musulmans, dans l’expression des cultes parait être la moindre des exigences. Il est bien que les choses soient dites ainsi. Les pays musulmans tolèreraient-ils, chez eux, la revendication ostentatoire de cultures et de religions différentes ?
Reste néanmoins, dans cet article, une curieuse confusion entre le métissage et l’assimilation, deux concepts que le président veut mettre en équivalence. J’ai déjà eu l’occasion de le dire : le métissage me semble être un terme dangereux et inapproprié. Dangereux car cet éloge du mélange des races se place sur un terrain glissant où l’homme parfait aurait une couleur de peau. Inapproprié car le métissage des cultures apporte le plus souvent le multiculturalisme, la déculturation réduite au plus petit dénominateur commun et la créolisation de la langue. Le gouvernement devrait parler plutôt de République diverse (il me semble que François Fillon s’exprime ainsi), ou (encore mieux) de République tout court, tant l’ouverture aux autres a toujours été pour la France une donnée naturelle qui n’a nul besoin d’un qualificatif supplémentaire.
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