Un petit alchimiste sommeille en Emmanuel Macron. L’autre jour il expliquait, en réponse à la révolte des Gilets jaunes : « Nous avons décidé de transformer la colère en solution ». Mardi soir, face au traumatisme national causé par l’incendie de Notre-Dame de Paris, lundi soir, il a dit vouloir « changer cette catastrophe en occasion de devenir, tous ensemble, meilleurs que nous ne sommes ». Il faut reconnaître que, dans ce dernier registre, le président s’est montré plus convaincant. D’autant que ses mesures « rock n’roll » et « whaoou », promises à l’issue du grand débat, se sont réduites comme prévu à un filet d’eau tiède, à en croire les fuites sur son discours de lundi soir, annulé in extrémis à cause de la cathédrale en feu. C’est en peu de mots et en six minutes que le chef de l’Etat a su donner cette fois, hier soir, un sens à son action jusqu’alors bavarde, brouillonne, illisible. En s’engageant à « reconstruire » Notre-Dame et à « assurer cette grande continuité qui fait la nation française », le chef de l’Etat a semblé vouloir recentrer son quinquennat, conçu jusqu’alors sur la rupture avec le monde ancien et sur la « transformation » de la France. Au Macron qui, en février 2017, décrétait : « Il n’y a pas de culture française », succède celui, plus enthousiasmant, qui déclare : « Nous sommes ce peuple de bâtisseurs ». Reste à savoir où se trouve la sincérité chez celui qui a théorisé le « en même temps » et la ‘pensée complexe’ pour obscurcir ses desseins sous des mots creux. Ainsi, est-ce le même président qui dit également : « Nous rebâtirons Notre-Dame, plus belle encore. Je veux que ce soit achevé en cinq années », et quelques instants plus tard : « Ne nous laissons pas prendre au piège la hâte ». Or l’impatience, un brin électoraliste, n’est sûrement pas la meilleure conseillère dans la remise en état d’un monument fragile et complexe, construit au fil des siècles dans une constante recherche du beau et de l’acte gratuit. Une même quête spirituelle unissait alors l’ensemble des bâtisseurs anonymes, dévoués à la chrétienté. Cette fois, Macron n’a pas même jugé utile d’évoquer le traumatisme spécifique des catholiques et des chrétiens, en reléguant de facto l’édifice à son rôle profane de repère culturel et d’attrait touristique. En réalité, au-delà de Notre-Dame, chacun sent confusément que c’est toute une Eglise catholique, mais aussi toute la société française et toute la nation, semblablement disloquées, qui sont à reconstruire dans la durée. Renaître de ses cendres est le destin qui est promis au joyau de l’Occident judéo-chrétien, qui porte sur sa façade principale les statues des 28 rois d’Israël. En cette semaine pascale, il n’est, en tout cas, pas interdit de croire au miracle d’une renaissance française, d’une résurrection. Je participerai, ce mercredi, au Club Pujadas, sur LCI (18h-19h30) Je participerai, jeudi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)
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