L’écrivain algérien, Boualem Sansal, l’écrit, ce mercredi dans Le Figaro, dans une « Lettre à un Français sur le monde qui vient » : « Je vous le dis franchement, je crains pour vous, vous me semblez si peu préparés, pour ne pas dire indolents. Je ne sais trop non plus si vous vous rendez compte que vos gouvernants qui sont d’une pusillanimité indescriptible vous poussent carrément dans le cauchemar ». Le cauchemar ? L’écrivain francophone l’imagine, dans un roman qui vient de sortir (1), sous la forme d’une « dictature religieuse qui s’étend sur tout l’Abistan », ce continent imaginaire qui engloberait l’Europe. Cette dictature, explique Sansal, « aurait quelque chose à voir avec l’islamisme, mais celui-ci parvenu à son apogée ». Il décrit l’Abistan comme « quelque chose d’absurde, infiniment plus sinistre que Daech, l’Afghanistan, Boco Haram, La Somalie et la Libye réunies, plus démoniaque que toutes les machinations de l’Arabie et du Qatar, plus fou que tous les rêves de puissance de ces anciens empires ressuscités que sont l’Iran et la Turquie. Où et comment diable ces pauvres islamistes ont-ils appris à planifier si bien et si loin ? Lourdauds que nous sommes, nous ne voyons pas même l’ombre filante de leurs idées  (…) Il est sûrement trop tard, l’Abistan est déjà dans vos rues, mais votre combat n’en aura que plus de mérite ».  De toutes les alertes lancées depuis des années par des observateurs avisés de la stratégie hégémoniste de l’islam radical et totalitaire, dont celle de Bat Ye’or décrivant l’Eurabia sous les haussements d’épaule de l’intelligentsia, celle de Sansal est la plus catastrophiste. En comparaison, le roman de Houellebecq, Soumission, fait figure d’aimable fiction. Reste que cet écrivain courageux, qui vit toujours en Algérie, est un témoin privilégié de nos naïvetés et de nos abandons. Il est de notre légitime défense d’affronter le totalitarisme islamiste qui nous a déclaré la guerre à l’extérieur comme à l’intérieur. Ce terme de légitime défense a d’ailleurs été judicieusement repris, mardi devant l’Assemblée nationale, par Manuel Valls pour justifier l’engagement de l’aviation française en Syrie, pour des vols de reconnaissance de plusieurs semaines dans un premier temps. Cependant, la prudence des ripostes envisagées est très en deçà du danger que l’Etat islamique fait courir à l’Occident, et aux Chrétiens d’Orient qui le symbolisent en Irak et en Syrie. Pour autant, cette première faiblesse n’est rien à côté des reculades politiques et médiatiques qui s’observent en France. La virulence des islamistes y est proportionnelle à l’effacement de la République quand il lui reviendrait de défendre le respect de la femme, la laïcité, la liberté d’expression, etc. L’instrumentalisation de l’islamophobie, cautionnée par Alain Juppé aussi bien que par l’islamo-gauchisme, est une autre manière plus insidieuse qui vise à exonérer l’islam politique de toute critique. J’aurai moi-même à répondre, demain devant la XVII e chambre du tribunal correctionnel de Paris, d’une libre opinion émise en 2012 sur une campagne d’affichage du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Or la consolidation de la judéophobie et du djihadisme dans les cités, mais aussi de la misogynie que des Femen ont dénoncée, samedi à Pontoise lors d’un Salon musulman, sont des sujets qui doivent être abordés, sans craindre les menaces ou les mises au ban. Boualem Sansal réveillera-t-il les consciences ? (1) 2084, La fin du monde, Gallimard

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