Le référendum irlandais approuvant le mariage homosexuel, ajouté à la percée des nouveaux partis Podemos (Nous pouvons) et Ciudadanos (Citoyens) en Espagne, ce week-end, font ressortir les blocages de la politique en France. Les mêmes acteurs s‘y approprient encore la scène, en dépit des bilans catastrophiques laissés par la droite et la gauche. Il est anormal que la prochaine présidentielle s’apprête à mettre à nouveau en compétition des Sarkozy, Juppé, Hollande, Le Pen (Marine), alors que la société civile est plus éruptive que jamais et que les partis sont désertés par leurs militants. La crise de confiance, qui mine la démocratie représentative, est unanimement diagnostiquée désormais. Elle ne se contentera pas de la perpétuation d’un modèle dépassé. Le discrédit politique, admis aussi bien par Jean-Paul Delevoye (président du Conseil économique et social) (ce lundi, Europe 1) que par Arnaud Montebourg, qui n’a pas pour autant renoncé à son rendez-vous annuel, aujourd’hui, sur le Mont Beuvray (Morvan), oblige le système asphyxié à s’ouvrir à la société. L’accusation en populisme, qui discrédite toute vision non homologuée par la caste, ne fait qu’attiser l’insurrection qui vient. Car il est faux de croire la France encore silencieuse. Tout au contraire, elle hurle pour se faire entendre. Outre La Manif pour Tous et les Bonnets rouges, initiateurs de la révolte civile, innombrables sont les mouvements alternatifs qui, eux, ont des idées nouvelles à défendre : Entrepreneurs d’avenir, Economistes atterrés, Pigeons, Plumés, Sens Commun, L’Avenir pour tous, Regards Citoyens, les Zèbres, etc., sont autant de rassemblements ayant des expertises et qui devraient intégrer le débat public, enrichir les partis, inspirer le législateur. Les laisser dans l’ombre ne peut qu’accélérer l’implosion de la démocratie malade. Certes, la reconnaissance du mariage homosexuel en Irlande (à 62%) et la montée de Podemos, après Syriza en Grèce, à Madrid et Barcelone sont d’abord des résultats qui enchantent le progressisme a bout de souffle Ils ne permettent pourtant pas d’en tirer de généralisations politiques. Economiquement, l’exemple de Syrisa est bien le désastre démagogique qui avait été annoncé, et qui pourrait faire sortir la Grèce de l’Euro. Alors que, en France, Nicolas Sarkozy s’en engagé à abroger la réforme Taubira, l’officialisation du mariage gay en Irlande s’inscrit dans un contexte particulier. En effet, si la France fait obligation de passer par le mariage civil avant d’aller devant le prêtre, le pasteur, le rabbin ou l’imam, cette injonction n’existe ni en Irlande, ni en Grande-Bretagne, ni en Espagne. Dans ces pays, l’officiant religieux suffit à valider l’acte public. Y reconnaître civilement le mariage homosexuel ne change donc rien à ceux qui, encore majoritairement, choisissent de se marier religieusement, dans une cérémonie qui reste réservée à l’union d’un homme et d’une femme. Alors que la France a imposé civilement un « mariage pour tous », qui ne peut en effet être contourné, cette expression n’est donc pas adéquate en Irlande puisqu’il existe une échappatoire. Pour autant, le recours facilité au référendum est la solution idéale qui, seule, saura trancher les nœuds gordiens qui empêchent la France immobile de se réformer. Dans tous les cas, le monde politique sclérosé doit s’ouvrir urgemment au peuple qu’il ne représente plus. Il doit lui redonner la parole, avant qu’il ne la prenne plus brutalement. Je participerai, mardi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h), puis au 22 h de Public-Sénat.
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