Le fiasco des manifestations organisées, mardi, contre la réforme du marché du travail est l’échec des syndicats les plus archaïques, lâchés par les salariés qui ne se reconnaissent plus dans ces corps intermédiaires. L’insuccès est aussi le désaveu d’une gauche protestataire qui n’est plus entendue et qui a fait son temps. La CGT, FO, la FSU avaient appelé à refuser le projet de loi, discuté ce mercredi en conseil des ministres. Jean-Luc Mélenchon et son parti soutenaient cette opposition, qui critique l’introduction d’une flexibilité de l’emploi acceptée en revanche par le Medef et la CFDT, notamment. Alors que le climat général, plombé par l’accélération du chômage et les promesses non tenues, devrait porter les mobilisations sociales, l’incapacité que vient de montrer la gauche radicale à fédérer significativement les mécontents, électeurs de François Hollande il est vrai, vient confirmer un constat déjà observé par ailleurs : la gauche a perdu son monopole de la contestation populaire, dans une société qui se droitise. Clin d’oeil de l’actualité : en Suisse, c’est un parti de droite, l’UDC, qui  pris l’initiative, saluée par la gauche française, d’imposer par référendum une limitation aux rémunérations « abusives » des patrons des sociétés cotées. En France, le crépuscule du socialisme s’affirme chaque jour un peu plus…Pourtant, cette analyse ne semble pas convaincre la droite, qui peine à se libérer de l’emprise de quarante ans d’idéologie « progressiste », consistant à nier les réalités et à s’entêter dans l’erreur. Le paradoxe est de voir la gauche perdre pied, tandis que la droite se montre incapable de se débarrasser de son encombrant mentor. Il n’est pas toujours évident de discerner les différences entre tel socialiste et un Alain Juppé, un François Baroin ou un François Bayrou. Alors que le PS affaibli est sur la défensive, souvent de façon agressive, l’UMP n’est toujours pas à l’offensive. Elle laisse même à Marine Le Pen la deuxième place (derrière Christine Lagarde, patronne du FMI) au classement (JDD) des femmes politiques dont les Français estiment qu’elles joueront « un rôle important à l’avenir ». Si l’opposition, inaudible depuis son duel fratricide Copé-Fillon, n’arrive pas à procéder à son aggiornamento et à prendre le vent, alors l’hypothèse d’un retour de Nicolas Sarkozy se posera pour 2017. « Il y aura malheureusement un moment où la question ne sera plus : Avez-vous envie ?, mais : Aurez-vous le choix ? », explique l’ancien président dans Valeurs Actuelles. Mais lui-même saura-t-il s’émanciper de cette gauche qu’il a tant aimé flatter, au point de brouiller sa politique ?

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