« Rien ne sera plus comme avant », a promis Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement. « Je peux mieux faire », avait dit préalablement le chef de l’Etat, lors de sa conférence de presse de jeudi dernier. En réalité, un homme ne change jamais vraiment. D’ailleurs, en prenant ce jour-là une posture gaullienne – le président assis derrière un bureau, surplombant les journalistes conviés à l’Elysée – Emmanuel Macron s’est donné à voir en monarque républicain. Or le peuple en colère ne veut plus de cette démocratie confisquée, qui persiste à vouloir écarter une partie des Français de la maîtrise de leur destin. Tout sonne faux quand le chef de l’Etat feint de redécouvrir la nation, les frontières, le besoin d’enracinement, l’art d’être Français. Ces thèmes-là ne seront jamais mieux défendus que par les populistes qu’il a désignés comme ses ennemis. Son « patriotisme inclusif » dit son insincérité : l’inclusion est ce nouveau mot du politiquement correct qui permet d’enterrer l’assimilation et l’intégration au profit d’un modèle de société multiculturelle. L’inclusion dissimule une bombe à retardement, en invitant les communautés à se développer sans contraintes ni modèles imposés.
Il faut avoir le toupet de Macron pour oser affirmer : « Nous sommes en train d’inventer une nouvelle forme de démocratie », tout en refusant le référendum d’initiative citoyenne, même encadré, et en n’octroyant que 20% de proportionnelle pour de futures élections législatives. En revanche, rien n’est plus démagogique que de proposer de supprimer l’ENA ou d’instituer, dès juin, une assemblée citoyenne sur la transition écologique grâce au tirage au sort de 150 Français. Comme le rappellent ce lundi, dans Le Figaro, des pétitionnaires qui s’alarment sur la précipitation du pouvoir à rebâtir Notre Dame : « L’exécutif ne peut se passer d’écouter les experts ». Ce ne sont pas les élites en elles-mêmes qui posent problèmes ; elles sont nécessaires au bon fonctionnement de la société. Le drame français est dans l’incapacité des puissants à comprendre les plaintes de ceux d’en bas. « Aujourd’hui, on ne reconnaît plus ce qu’est devenue la France », s’est désolée Ségolène Royal, ce matin sur RTL. Mais ce sont tous ces dirigeants qui ont mis le pays dans cet état, en refusant d ‘écouter les lanceurs d’alerte. Tant que cette fracture entre les dirigeants et les citoyens ne sera pas résorbée, la France restera volcanique. Macron ne comprend rien à son époque, c’est-à-dire au retour des peuples (1).
(1) André Bercoff, Le retour des peuples, Hugo-Doc

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