Parce qu’ils avaient choisi de faire corps avec la France, les harkis demeurent exemplaires d’une adhésion de musulmans aux valeurs de la nation. De ce point de vue, François Hollande a eu raison de reconnaître, dimanche lors de la journée nationale d’hommage aux harkis, « les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil inhumaines des familles transférées dans des camps en France ». Le 14 avril 2012, Nicolas Sarkozy avait déjà reconnu la responsabilité des gouvernements dans « l’abandon » des supplétifs de l’armée de 1957 à 1962. Les massacres de 75.000 harkis, considérés comme des traitres par le FLN algérien, méritaient aussi d’être rappelés. Toutefois, comment croire en la tardive sincérité du chef de l’Etat ? C’est le même qui, au nom de « l’apaisement des mémoires », s’était associé dernièrement aux commémorations algériennes du 19 mars 1962, qui marque le cessez-le-feu au lendemain des accords d’Evian. Or cette date, que refusait de commémorer François Mitterrand, est celle du début de la terreur pour les pieds-noirs et les harkis. Il est bien beau de condamner « les gouvernements français » dans la tragédie des combattants musulmans. En réalité, la responsabilité de cette honte en revient d’abord à Charles de Gaulle, dans sa décision de lâcher ces « réfugiés » indésirables : une politique indigne, appliquée sans états d’âme par Louis Joxe, ministre des affaires algériennes, ou Pierre Messmer, ministre des Armées. Seuls 60.000 harkis purent être admis en métropole, souvent grâce à l’appui de leurs chefs militaires, outrés par le cynisme et la lâcheté de la République.
A l’heure où le réveil de l’islam radical cherche à jeter la suspicion sur l’ensemble des musulmans de France, il n’est pas inutile de rappeler l’exemplarité de ces hommes qui ont combattu contre le djihad mené par le FLN. Eux et leurs descendants représentent aujourd’hui 500.000 Français. Sans tomber dans la repentance, il est légitime de soutenir que la République garde une dette envers eux. Elle doit s’en acquitter d’autant plus que beaucoup de citoyens attendent de l’Etat, parallèlement, une inflexibilité contre ceux qui lui font la guerre, au nom de la haine de la nation et du monde occidental. Ce lundi, commentant sur Europe 1 le sondage de l’Institut Montaigne dévoilant dans les cités l’ampleur de la contre-société islamisée, Sarkozy a déclaré : « On ne peut garder 29% d’une communauté qui se trouve tentée par la charia ». Il aurait pu aussi parler des 50% de jeunes attirés par ce même totalitarisme. Plus de cinquante ans après l’exode des pieds-noirs et des harkis sauvés du pire (« La valise ou le cercueil »), se pose la question du maintien en France d’occupants qui se comportent comme des néo-colonisateurs, face à des indigènes de plus en plus irrités par ces comportements de conquête. La guerre d’Algérie n’a pas pansé toutes les plaies. Certains radicaux ont visiblement des revanches à prendre. De ceux-là, il n’y a rien à attendre sinon qu’ils quittent le pays pour aller vivre sous la charia qu’ils chérissent. Cependant, l’erreur serait de les confondre avec ces musulmans qui, comme les harkis hier, ont choisi la France pour ce qu’elle est : un pays libre, qui doit être défendu.
Je participerai, mardi, à On refait le monde sur RTL (19h15-20h)

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