François Fillon, interrogé ce mercredi matin sur France Inter, dit souhaiter que les politiques cessent de réagir « en permanence » aux « provocations des islamistes », qui veulent « créer un climat de quasi-guerre civile ». Pour l’ancien premier ministre (UMP), qui présentera prochainement ses propositions sur l’islam, « on doit reprendre notre souffle sur les questions de laïcité ». Il juge excessives les réactions devant telle jupe trop longue d’une élève musulmane à l’école ou devant des voiles portés à l’université. Il fait à Nicolas Sarkozy, mais aussi à Manuel Valls, le même reproche d’être trop en réaction face à ces situations. Il conseille de « reprendre les bases du discours sur la laïcité, les fondements du pacte républicain, les réaffirmer, les appliquer avec rigueur et refuser de réagir à toutes les provocations qui visent à diviser la société française ». Idéalement, Fillon a en effet raison : une société solide et sûre d’elle-même n’a pas à s’affoler de la moindre provocation venue de minorités militantes qui contestent ses modes de vie ou de pensée. Mais c’est précisément parce que la France ne sait plus qui elle est, à force de douter d’elle-même et de ses valeurs, que ces réactions défensives s’expliquent et peuvent se justifier. Avant de parler de l’islam, les politiques feraient d’ailleurs mieux de trancher une  fois pour toute la nature de la société qu’ils préconisent. Une robe longue ne devrait être qu’une fantaisie de jeune fille, si la France était toujours cette vieille nation assimilatrice et tolérante. Le même vêtement devient un marqueur identitaire, dans une  société multiculturelle ouverte à l’islamisation.Tant que cette dernière option, qui se développe dans les faits, n’aura pas été clairement rejetée comme le demandent les Français à chaque sondage, il ne peut être fait grief à ceux qui défendent la cohésion nationale de faire preuve d’une exigence véhémente, voire d’une intolérance, face aux tentatives de subversion de la nation affaiblie. Le risque existe, à suivre ce qui semble être a priori un raisonnable appel au calme de Fillon, d’en venir aux discours soporifiques sur l’apaisement, ce prélude à la capitulation puis à la collaboration avec l’ennemi. La tentation reste grande de vouloir minimiser le danger islamiste, qui doit être combattu en permanence. Pierre-André Taguieff rappelle, dans son dernier essai (1), ce sondage ahurissant de l’institut britannique ICM Research, publié par l’agence de presse russophone Rossiya Segodnya, le 19 août 2014 : il fait ressortir que, contrairement aux autres pays d’Europe, 16 % de l’ensemble des Français interrogés affirment être très favorables ou assez favorables à l’Etat islamique, un score grimpant à 27% chez les 18-24 ans ainsi que chez les 24-34 ans! Comme le note Taguieff : « Le nouvel ennemi principal des Juifs, l’islamo-terrorisme, est désormais aussi l’ennemi commun des démocraties occidentales, reconnu comme tel ». L’agresseur est d’autant plus téméraire qu’il a intelligemment mesuré les failles de son adversaire, moralement complexé et soucieux de respecter les Droits de l’homme, qui lui sont retournés comme une épée. Aussi bien, c’est un constant qui-vive qui devrait, au contraire de ce que préconise Fillon, habiter les responsables politiques. Il n’a jamais été plus urgent également de demander aux Français musulmans de se désolidariser clairement des djihadistes, n’en déplaise à Caroline Fourest qui, toujours sermonnaire, me reproche dans son livre (2) d’avoir formulé cette exigence, le 7 janvier au soir de l’attentat contre Charlie Hebdo, dans une émission de RTL (On refait le monde) au cours de laquelle j’aurai fait pleurer la militante Rokhaya Diallo. Dans un texte de 2011, que rappelle néanmoins Caroline Fourest, Rokhaya Diallo avait refusé de « s’apitoyer » sur les journalistes de Charlie, cibles d’un premier attentat. « Pour moi, les islamistes radicaux sont les nazis de l’islam », expliquait Naser Khader dans Le Figaro du 14 janvier.  Ce sont ces musulmans-là qu’il faut soutenir et encourager. (1) Une France antijuive ? CNRS Editions (2) Eloge du blasphème, Grasset

Partager cet article
S’abonner
Notifier de

0 Commentaires
le plus récent
le plus ancien
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires
0
Laisser un commentairex