Qui jugera les juges? Dans l’affaire Fillon, examinée depuis ce mercredi devant la 32e chambre correctionnelle de Paris, le comportement du parquet national financier (PNF) mériterait des explications. L’audience les fournira-t-elle? Jusqu’à preuve du contraire, tout porte à penser que le favori de la présidentielle de 2017 a été torpillé, dans la dernière ligne droite, par une autorité judiciaire mise au service d’un intérêt politique. Les médias ont fait le reste. Comme l’a écrit à l’époque, dans Le Monde, Jean-Eric Schoettl, ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel : «  »La reconnaissance empressée par le juge judiciaire de sa compétence – pourtant contestable – (…) pose d’autant plus problème qu’elle s’accompagne d’un pilonnage médiatique ayant pour effet, sinon pour objet, de fausser le jeu du suffrage universel (…) ». Mettre au jour les procédés déloyaux possiblement déployés pour faire tomber Fillon est aussi important, sinon plus, que le dévoilement des supposées légèretés de l’ancien premier ministre dans l’emploi dans son épouse comme assistante parlementaire. Chez beaucoup d’électeurs, demeure ce sentiment de s’être fait voler un scrutin qui allait bénéficier à Emmanuel Macron. Il y a deux ans, le chef de l’Etat avait reconnu être « le fruit d’une forme de brutalité de l’histoire, d’une effraction. » Il en subit aujourd’hui les séquelles.
Mis en place par François Hollande en 2014 après le scandale Cahuzac – ce ministre traqueur de fraude et fraudeur lui-même – le PNF a pour mission théorique d’enquêter sur des affaires complexes liées à la grande délinquance économique et financière. En réalité, il est devenu l’instrument d’inquisition sur des faits banals impliquant des responsables gênant le plus souvent le pouvoir en place. Placé sous la tutelle de la Chancellerie, donc de l’exécutif, son indépendance est sujette à caution. D’autant que son empressement à poursuivre François Fillon, dans la foulée des premières révélations de la presse sur l‘emploi présumé fictif de Pénélope Fillon, a laissé voir une rupture dans l’éthique judicaire. Jusqu’alors la justice s’interdisait d’interférer dans un processus politique en cours, au nom de la séparation des pouvoirs. En l’espèce, ce principe a été violé au même titre que la présomption d’innocence, le secret de l’instruction, les droits de la défense. La volonté de la justice de nuire au candidat a été jusqu’à la saisine d’un juge d’instruction quelques jours avant la publication de la loi du 27 février 2017 qui aurait prescrit la plupart des faits anciens incriminés. En l’absence de plainte d’un tiers, c’est le parquet qui s’est prêté à l’exécution de Fillon, qui s’est lui-même particulièrement mal défendu. A quand le procès du parquet national financier ?
Je participerai, ce mercredi, à L’heure des pros 2, sur CNews (20h10-21h).

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