La société civile est devenue le cinquième pouvoir. Cette observation, faite ici depuis longtemps au vu de l’amateurisme des professionnels de la politique, s’est illustrée samedi à Paris lors du meeting de Sens Commun. Ce nouveau parti, né de La Manif pour Tous, s’est donné comme ambitions d’imposer des sujets sociétaux dans le débat public aseptisé, mais aussi d’inciter au renouvellement des responsables politiques de l’UMP. Appelé à justifier sa candidature à la présidence de ce parti, au même titre que Bruno Le Maire et Hervé Mariton, Nicolas Sarkozy a choisi de se plier aux exigences de la salle, concernant l’avenir du mariage homosexuel. « La loi Taubira devra être réécrite de fond en comble », a-t-il préalablement assuré avant de reprendre à son compte, un brin irrité, le mot d’ « abrogation », scandé par l’assistance : « Si ça vous fait plaisir, ça coûte pas très cher ». En conclusion de son discours, l’ex-chef de l’Etat a précisé néanmoins : « Je veux un mariage pour les hétérosexuels et un mariage pour les homosexuels ». La pression de Sens Commun a donc fait apparaître un candidat sans conviction arrêtée. Son porte-parole, Gérald Darmanin, a d’ailleurs jugé utile, dimanche, de préciser sa « position extrêmement courageuse » : « Oui à une union homosexuelle, non à un mariage qui ouvre droit à la filiation et à l’adoption. » Au delà de l’habileté rhétorique, c’est un cynisme que Sarkozy a montré malgré lui, sur un sujet qu’il savait pourtant capital. Se méfier de cette société civile éveillée : elle est devenue moralement exigeante, singulièrement à l’égard de ses représentants qu’elle accuse collectivement de n’avoir pas été à la hauteur. Les faits sont ses meilleurs alliés. Elle attend des discours clairs permettant de sortir de l’enlisement des trente calamiteuses. Elle illustre Corneille : « L’Empire est prêt à choir et la France s’élève ». Le Maire, qui s’est fait siffler pour avoir assuré qu’il ne reviendrait pas sur la loi Taubira, a au moins le courage de la franchise. D’autant que sa position n’est guère éloignée de celle de Sarkozy, puisqu’il estime comme lui qu’il faudra proscrire les filiations artificielles (PMA, GPA). La promesse de Mariton d’abroger la loi a également pour elle de ne pas finasser. Pour ma part, je persiste à penser qu’une union civile pour les homosexuels serait l’issue la plus souhaitable, si le droit le permet. Dans l’immédiat, les hommes politiques doivent comprendre qu’ils sont désormais sous surveillance, et même sursitaires. Ils n’ont pas les solutions – cela se saurait depuis le temps – et n’ont visiblement pas assez réfléchi aux causes de la décadence française. C’est pourquoi il leur est demandé d’être, au minimum, à l’écoute des gens et sincères dans leurs positions. Sarkozy, qui ne dissimule pas son excès de confiance en lui-même, ne peut se permettre d’oublier cet élémentaire impératif.Je participerai, mardi, à Choisissez votre camp, sur LCI (10h15-11h)
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