Emmanuel Macron se joue de la démocratie. Sa proposition de référendum sur la protection du climat, formulée lundi soir devant les 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat, est une insulte à l’intelligence collective. Recherchant les bonnes grâces des écologistes, le chef de l’Etat fait comprendre qu’il est entré en campagne pour sa réélection. Cependant, son intérêt personnel ne l’autorise pas à instrumentaliser aussi cyniquement une précieuse consultation populaire. Il la réduit à un vulgaire coup politique. L’immigration, la laïcité, la place de l’islam, l’ordre sanitaire, seraient des sujets qui mériteraient assurément l’avis des citoyens. Mais ceux-ci sont une fois de plus méprisés quand Macron n’entend répondre qu’à une poignée de prétendus « tirés au sort » (ces 150 bien choisis de la Convention). Ce faisant, il théâtralise une ouverture qui n’est qu’un leurre. « Toute époque finit en mascarade », a écrit le moraliste colombien, Nicolas Gomez Davila. En 2017, je m’étais inspiré de cette réflexion visionnaire pour titrer un précédent recueil de bloc-notes (Macron, la grande mascarade). Or c’est bien ce terme – la mascarade – qui définit le mieux, une fois encore, les agitations verbeuses d’un président trop seul et coupé du terrain. C’est un « Non ! » massif que mériterait de recevoir ce référendum en carton pâte. La manœuvre est d’autant plus grossière qu’elle n’apporte rien aux légitimes préoccupations écologiques. Macron propose de rajouter dans l’article 1, sous la dictée des 150 citoyens cornaqués par des militants Verts : « La République garantit la préservation de la biodiversité, de l’environnement et lutte contre le dérèglement climatique ». Or, nombreux sont les juristes qui font remarquer que cet ajout doublonnerait la Charte de l’environnement de 2005, déjà intégrée dans le préambule de la Constitution. Ce texte prévoit que « toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l’amélioration de l’environnement ». Tout au plus, cet article 1 modifié rajouterait de l’insécurité juridique dans des projets industriels. Permettrait-il d’interdire les éoliennes qui balafrent les paysages, et donc l’environnement ? Ce n’est en tout cas pas l’esprit du texte. Etant donné les navettes entres les deux chambres et les contraintes du confinement, un tel référendum ne pourrait avoir lieu, de surcroit, qu’aux alentours de la présidentielle. Macron devrait plutôt relire les Lettres persanes (Montesquieu). La 79 par exemple (de Usbek à Rhédi) : « Il est quelque fois nécessaire de changer certaines lois. Mais le cas est rare ; et lorsqu’il arrive, il n’y faut toucher que d’une main tremblante ». Je participerai, ce mercredi, à L’heure des pros 2, sur CNews (20h-21h) Je participerai, jeudi, à La belle équipe, sur CNews (14h-15h)
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