Les témoignages sur l’inhumanité et la violence gratuite de certains rebelles syriens viennent confirmer l’incroyable légèreté des Etats-Unis et de la France. Ils étaient prêts à les rejoindre dans leur combat contre le régime de Bachar el-Assad, qui n’est pas non plus un enfant de cœur, c’est entendu. Le Monde, daté de ce mercredi, publie le récit accablant de Domenico Quirico, journaliste italien à La Stampa, détenu en Syrie pendant cinq mois par les rebelles du Front al-Nosra : « J’ai rencontré le pays du Mal », écrit celui qui avait initialement fait confiance à l’Armée syrienne libre. L’AFP relate, ce matin, les récits d’habitants de Maaloula, très vieille localité chrétienne de Syrie prise d’assaut par les jihadistes. « Ils ont crié : Nous sommes venus pour en faire voir aux croisés », raconte l’un des témoins, tandis qu’un autre dit avoir vu des insurgés tirer sur des croix. Ce chrétien raconte : « Ils ont mis le pistolet sur la tempe d’un voisin et l’ont obligé à se convertir à l’islam en prononçant : Il n’y a de dieu que Dieu ». Parlant de ses voisins musulmans : « Des femmes sont sorties sur leurs balcons pour lancer des cris de joie et des enfants ont fait de même ». Serge July, membre du comité de soutien aux journalistes otages en Syrie, a admis dernièrement que les confrères d’Europe 1, Didier François et Edouard Elias, étaient également détenus par des rebelles.Barack Obama et François Hollande n’avaient rien à faire dans cette guerre civile, sinon prendre le risque d’aggraver le sort des chrétiens protégés par Assad. Tous deux doivent une fière chandelle à Vladimir Poutine qui, en proposant lundi de placer l’arsenal illégal syrien sous contrôle international, a rendu improbable le recours aux frappes militaires. Ce retournement place le président russe, devenu faiseur de paix, en position de force face aux Etats-Unis. Un rééquilibrage des relations russo-occidentales s’en suivra probablement. Surtout, le fiasco de l’aventure franco-américain signe la fin de la primauté occidentale sur la scène internationale. A y réfléchir, c’est aussi bien. Face aux pays émergents, l’Occident n’est plus seul au monde. Les Etats-Unis doivent renoncer à leurs prétentions à gendarmer la planète. Quant à la France, elle doit admettre qu’elle n’a plus les moyens de ses rêves de grandeur. Son expédition punitive était un leurre destiné à dissimuler ses graves faiblesses intérieures. La priorité pour l’Occident n’est plus à se disperser, mais au contraire à se reconstituer sur son propre territoire. Cet impératif vaut d’abord pour la France, désarmée à tout point de vue.
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