La transparence : le mot d’ordre de la présidence Macron. Le principe fait mode. Il va de pair avec la désacralisation en tout. L’idée n’a rien d’originale, en ces temps voyeuristes et bavards où le secret et le silence sont devenus des signes réactionnaires et suspects. C’est donc au nom de cette transparence bénie que l’annonce de la composition du gouvernement a été différée à ce mercredi, 15h : le temps pour la Direction générale des finances publiques et pour la Haute autorité pour la transparence de la vie publique d’éplucher les dossiers des futurs membres choisis. Ils devront être en règle avec le fisc, blanchis du soupçon de conflit d’intérêt, délivrés de tout népotisme : fini ce temps où les parlementaires pouvaient travailler en famille ; suivez mon regard, Pénélope Fillon. Dans la foulée, le chef de l’Etat entend faire de la moralisation de la vie politique son premier engagement. La campagne législative de la République en Marche ! se fera, à n’en pas douter, autour de ce thème forcément rassembleur tant il ne mange pas de pain. Déjà une partie de la droite, mal dans sa peau, ne cache plus son attirance pour ce progressisme qui étale avantageusement sa vertu, se donne en exemple et replonge dans le narcissisme des donneurs de leçons. La clarification politique en cours voudrait d’ailleurs que ces juppéistes et autres centristes mous rejoignent Saint Macron, en laissant enfin la droite réaliste se reconstruire autour de son idéologie conservatrice, libérale et sociale. Mais ceci est un autre sujet.
Reste la question : Macron s’est-il appliqué les règles qu’il professe ? Je laisse ici les interrogations liées à sa fortune, qui ont été levées par la Haute autorité. Mais le souci légitime d’éviter les conflits d’intérêt devrait inviter le chef de l’Etat à rendre publics les noms des parrains fortunés qui l’ont porté. Les MacronLeaks, ce piratage de données d’En Marche rendues publiques dans les dernières heures de la campagne, ne semblent contenir aucune information scandaleuse. Néanmoins, la stratégie de levée de fonds lancée par Macron en avril 2016 y est décrite, à en croire Libération du 12 mai. C’est d’abord son réseau d’amis banquiers, patrons du Cac 40, créateurs de start-up et « ténors de la finance » (dixit Libé) que l’ancien ministre de l’Economie met très vite à contribution. Au total, 15 millions d’euros ont été ainsi récoltés. Libération dit avoir identifié 78 des tout premiers grands donateurs, ceux ayant versé plus de 4000 euros avant même que Macron ne quitte Bercy. S’y retrouve notamment plusieurs cadres et deux des plus hauts dirigeants de la banque Rothschild, où Macron a travaillé plus de trois ans. Selon l’enquête menée par mes confrères, 45% de la recette globale serait représentés par 1,7% des gros donateurs. Quelles contreparties peuvent-ils espérer de la victoire de leur poulain ? N’est-il pas resté leur obligé ? La morale que brandit Macron, qui va travailler avec sa femme et a autorisé sa belle-fille à se présenter comme suppléante d’En marche dans le Pas-de-Calais, s’arrêterait-il à la porte de l’Elysée ? La transparence ne s’accorde pas avec le fait du prince. Macron doit dévoiler les noms qu’il cache.

Partager cet article
S’abonner
Notifier de

0 Commentaires
le plus récent
le plus ancien
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires
0
Laisser un commentairex