A quoi joue Dominique de Villepin? Samedi, sur Europe 1, il a déclaré : « Je dis que Nicolas Sarkozy est aujourd’hui un des problèmes de la France (…) et qu’il est temps que la parenthèse politique que nous vivons depuis 2007 soit refermée ». En août  (voir mon blog) il lançait, mimant Charles de Gaulle et son discours du 18 juin, un appel à la résistance contre le sarkozysme et son chef, associés tacitement au régime de Vichy et à Philippe Pétain. C’est ce parallèle que suggère encore l’ancien premier ministre quand il parle de « parenthèse politique », expression rappelant  la « parenthèse de Vichy » à laquelle de Gaulle mit fin en 1945. Mais où Villepin voit-il que le sarkozysme, sous lequel la liberté d’expression n’a jamais été aussi décomplexée dans ses attaques contre le chef de l’Etat, peut être comparé à Vichy et à ses crimes? Dans ses outrances répétées qui rejoignent la meute, Villepin apparaît  comme un résistant d’opérette que rien ne distingue des autres lyncheurs.
La haine qu’il éprouve contre Sarkozy force à s’interroger sur la fragilité de cette personnalité romantique et exaltée qui semble concevoir la politique comme une scène de théâtre où il pourrait jouer Victor Hugo contre Napoléon (le Petit) ou de Gaulle contre Pétain, sans lui-même habiter son propre personnage, laissé aux influences extérieures du moment. Villepin a bien le droit de ne pas aimer Sarkozy, et il n’est pas le seul. Mais dire de lui qu’il est « un des problèmes de la France » est sans fondement sérieux, quand son accusateur est lui-même incapable d’apporter une vision originale, sinon celle consistant à draguer électoralement les banlieues au prétexte d’être né au Maroc, d’avoir affiché son antiaméricanisme en 2003 à l’Onu et d’avoir un regard critique sur la politique d’Israël. François Bayrou, qui avait abusé d’un semblable antisarkozysme en 2007, a démontré que cette stratégie ne menait à rien. Non seulement Villepin n’est guère original dans ses positions politiques (au fait, pourquoi reste-t-il à l’UMP ?) mais ses assauts rejoignent ceux d’une gauche qui, au-delà de  Sarkozy, exècre ce qu’il représente dans son atlantisme, sa défense des racines chrétiennes de l’Europe, son libéralisme, etc. C’est cette thèse que développe Benoît Rayski dans un livre qui vient de sortir (L’homme que vous aimez haïr, Grasset). Il y écrit fort opportunément, s’adressant aux adversaires du président de la République: « Sarkozy ne peut être que vichyssois, que fasciste. Sinon quel mérite, quelle valeur aurait votre combat ? Plus Sarkozy ressemble à Pétain et plus vous êtes courageux. Et quand il fait des incursions du coté de chez Hitler, votre résistance prend un aspect carrément héroïque (…) ». La violence des attaques contre Sarkozy pourrait bien être sa meilleure défense.
Je participerai, ce lundi, à l’émission « On refait le monde » sur RTL (19h15- 20h)

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