Le déclin de Marseille – ville coupée en deux et laissée, au nord, à la loi des plus forts – est d’abord le résultat de trente ans d’irresponsabilités politiques et de mensonges médiatiques. Les irresponsabilités sont celles de nombreux élus qui, depuis Gaston Defferre, ont ménagé l’affairisme, le clientélisme et le banditisme, au point de créer ce que mon confrère marseillais José d’Arrigo appelle dans son livre (1) le « marigot du socialo-banditisme ». Les mensonges sont ceux qui ont laissé croire en une irénique cité « arc-en-ciel », illustrant le « vivre ensemble » et le dialogue entre les religions. En réalité, derrière la « capitale européenne de la culture », s’effondre sous nos yeux le mythe de la cohésion multiculturelle et des bienfaits de la « diversité ». L’emballement des violences dans les quartiers nord (cinq morts en deux semaines) rappelle l’impuissance de l’Etat dans ces territoires, colonisés de fait par une immigration de peuplement africaine et nord-africaine qui s’est majoritairement repliée sur sa culture d’origine en rejetant l’hôte. Le sort que connaît Marseille dépasse sa seule tradition criminelle, qui restait cantonnée aux grands truands du Milieu. Cette ville fracturée et conflictuelle est devenue l’exemple à ne plus suivre. Mais comment réparer les dégâts ? L’idéal est de récréer des liens dans la ville brisée. Mais, dans l’immédiat, il serait urgent pour les politiques de cesser de vouloir acheter fictivement la paix sociale à coups de subventions à des associations souvent bidons. Surtout, l’Etat doit reprendre place dans les territoires perdus. Encore faudrait-il qu’il identifie l’enjeu ; il n’est pas seulement social, mais aussi sécuritaire. Le ministre de l’Intérieur, Manuels Valls, hier dans le JDD, a semblé avaliser cette analyse : « C’est une guerre de l’Etat de droit contre la barbarie, contre ceux qui veulent imposer un autre ordre, celui des caïds et des mafias ». A côté du mot de « guerre » est employé également, par le gouvernement, celui de « reconquête ». Mais alors, pourquoi refuser d’envoyer l’armée ? En août dernier, après une série de meurtres, la sénatrice PS et maire des 15 e et 16 e arrondissements, Samia Ghali, avait été qualifiée d’ « irresponsable » par le maire de la ville, Jean-Claude Gaudin (UMP) pour avoir formulé cette demande. Valls lui avait également répondu : « Il est hors de question que l’armée puisse répondre à ces drames et à ces crimes. Il n’y a pas d’ennemis intérieurs ». Le pouvoir redoute, on le comprend, une guerre civile. Mais c’est son spectre qui menace Marseille, si rien n’est tenté.(1) Marseille Mafias (Ce que personne n’ose dire), Editions du ToucanJe participerai, ce lundi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)
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