Si les partis politiques ne sont pas en grande forme, que dire des syndicats ? Pour n’avoir pas compris les nouveaux ressorts d’une société révoltée et indisciplinée, ils ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils furent. Le gouvernement n’a guère à craindre de la colère qu’ils montrent, pour la forme, face à l’application par décret, dès cet été, de la réforme de l’assurance-chômage. Présentée mardi par Edouard Philippe, la refonte des règles d’indemnisation vise à réaliser près de 3,4 milliards d’économie en deux ans. A partir de novembre, les conditions d’accès au chômage seront sensiblement durcies : il faudra avoir travaillé – et donc cotisé – 6 mois dans les 24 derniers mois, contre 4 mois dans les 28 derniers mois actuellement. Cette mesure devrait toucher 250.000 personnes. Ce mercredi, sur RTL, Laurent Berger (CFDT) s’est dit « vent debout » contre la mesure, tout en reconnaissant son incapacité à s’y opposer. Un aveu d’échec d’autant plus rude à admettre que Berger constate aussi que la société s’est « hystérisée » depuis novembre avec le mouvement des Gilets jaunes : une insurrection que le leader de la CFDT n’a pas vu venir et a même vertement critiqué au départ. C’est leur déconnection d’un monde en rupture avec les corps intermédiaires que paient les syndicats, désarmés face aux réformes d’Emmanuel Macron. Le président a raison de pousser ses pions, en profitant de ce paysage syndical dévasté. Reste que Macron non plus n’a pas fait preuve de lucidité sur l’état de la nation fracturée. Il persiste à vivre dans un monde à part. Or l’exaspération n’est pas seulement ancrée au cœur de ceux qui n’ont pas eu le sentiment d’avoir été assez entendu ces derniers mois. La rogne et la grogne gagnent aussi les vaches à lait, toujours plus ponctionnées pour satisfaire un modèle redistributif qui incite les uns à vivre au détriment des autres. En l’occurrence, l’ « assurance-chômage » n’est plus l’expression correcte quand elle consiste à faire cotiser au prix fort les cadres qui gagnent plus de 4500 euros bruts par mois, sans leur garantir une aide en proportion. Rien n’est plus injuste et démagogique, en effet, que le choix du gouvernement d’imposer aux cadres une dégressivité de leur indemnisation, réductible de 30% à partir de 6 mois de chômage. A quoi bon payer chèrement une assurance qui assure mal ? Il y a cinq ans, le syndicat des cadres (CFE-CGC) avait envisagé, un temps, de créer une assurance-chômage privée. C’est à ce risque de démantèlement de la solidarité nationale que se prête le pouvoir, à oublier ainsi le principe élémentaire de l’égalité de traitement. Je participerai, ce mercredi, au Club Pujadas, sur LCI (18h-19h30)Je participerai, jeudi, au Grand dossier, sur LCI (20h-22h)

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