Voici comment un macronien bat sa coulpe : « Nous portons l’erreur d’avoir probablement été trop intelligents, trop subtils, trop techniques dans les mesures de pouvoir d’achat. » Non, rien n’y fait : l’immodestie caractérise la caste, contestée par les « gilets jaunes  ». Gilles Le Gendre, chef des députés de La République en marche, pensait faire acte de contrition, lundi, en admettant les fautes de son parti. Mais la morgue est devenue, chez ces gens-là, une manière d’être. L’anecdote est cruelle pour ce brillant député. Elle rappelle néanmoins que la supériorité élitiste, clef de voûte du système oligarchique, produit beaucoup de sottises. Le rejet que suscite la personnalité d’Emmanuel Macron tient pour beaucoup à l’arrogance de ce héros de roman, insolent et narcissique. Le mépris est la marque de ce pouvoir qui tangue et s’affole. Aux États-Unis, Hillary Clinton avait qualifié de « déplorables » une partie des électeurs de Donald Trump. C’est cette même prétention à incarner l’excellence que Le Gendre a laissée échapper comme un lapsus. Les ploucs s’amusent des précieux ridicules.
L’exemple vient de haut : le chef de l’État ne dissimule rien du dédain que lui inspire le peuple réfractaire à son progressisme pour les riches. La révolution des « gilets jaunes » se nourrit aussi des condescendances d’un président évoquant les « forces du monde ancien », « ceux qui ne sont rien », les « Gaulois réfractaires », etc. C’est également Macron qui a vu une « lèpre qui monte » dans le réveil du sentiment national, qui alimente cette contestation. Lundi, dans Les Échos, le premier ministre s’est toutefois dit ouvert à un débat sur le référendum d’initiative citoyenne, cette autre revendication des Oubliés. En réalité, la macronie infatuée n’est pas disposée à suivre la France en colère. Il est peu probable que le gouvernement apporte son soutien à cette ouverture démocratique, qui mettrait le pouvoir sous surveillance. Or pourquoi les Français n’auraient-ils pas leur mot à dire sur la PMA pour toutes, la laïcité menacée, la politique migratoire et ses limites, le modèle de société à défendre, l’avenir de l’Union européenne, l’euro ? L’intelligence collective vaut mieux que celle des technocrates.
La macronie aurait tort de se croire tirée d’affaire, au prétexte que le mouvement des « gilets jaunes » marque le pas et qu’il respectera probablement la trêve des confiseurs. (La suite ici )
Joyeux Noël et Bonne Année !
prochain rendez-vous, le 7 janvier.
Je participerai, ce vendredi, à L’heure des pros (9h-10h30), puis à Ca se dispute (17h-18h) , sur CNews

Partager cet article
S’abonner
Notifier de

0 Commentaires
le plus récent
le plus ancien
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires
0
Laisser un commentairex