Pour faire face à la crise, la gauche a son programme. Il sera 100 % antisarkozyste. La moindre occasion sera la bonne. Les enseignants-chercheurs, dont le collectif avait appelé à voter Ségolène Royal en 2007, viennent de lancer la riposte en décidant une grève « illimitée » sur des motifs corporatistes. Ils sont assurés, malgré la faiblesse de leurs arguments, du soutien de la presse « progressiste », qui accompagnera les surenchères.
 Ce front journalistique (Libération, Le Nouvel Observateur, Marianne, Charlie Hebdo, etc.) a tenu une réunion publique, vendredi, au Théâtre du Châtelet, à Paris (voir mon blog). Au prétexte de défendre la liberté de l’information et le pluralisme, ces médias ont surtout montré leur hystérie contre le chef de l’État et leur aveuglement face aux effondrements idéologiques, à commencer par le socialisme qu’ils parrainent. Ils dénoncent une « régression démocratique », mais avalisent les liens entre l’extrême gauche, nostalgique du communisme, et de nouveaux totalitarismes.
Bref, les illusionnistes veulent rempiler. Sera-ce leur ultime sursaut ? Après avoir fait croire que le privé avait massivement rejoint, lors de la grève du 29 janvier, les salariés du public, ils prétendent que leur front du refus est celui du désarroi des Français. Ils disent que la réponse doit passer par une relance du pouvoir d’achat et de la consommation. À les écouter, Sarkozy est responsable du séisme. Le surendettement de l’État, qui annonce une possible faillite à l’argentine, est, pour eux, un non-sujet.
Cette même gauche dépensière, incapable de raisonner en dehors de vieux schémas ayant échoué, n’offre rien. Dans son dernier livre (Femme debout, Denoël), Ségolène Royal jubile d’autocontentement (« je ferais un très bon chef d’État ») mais n’innove pas davantage que Martine Aubry. Leur querelle personnelle est le seul ressort qui alimente la vie plate du PS. Suivre ces guides serait oublier qu’ils portent la responsabilité des désastres qui accablent le pays. Ils sont comptables de la paupérisation de la société, sommée de maintenir à flot un modèle social dispendieux. Ils sont au cœur d’un malaise existentiel qui ébranle déjà l’école. Quand le Syndicat national des lycées et collèges (Snalc, droite) manifeste avec les organisations enseignantes pour réclamer, lui, le retour à «  l’élitisme républicain », ne voit-il pas qu’il côtoie ceux qui ont imposé la Grande Déculturation (1)?
Raisons de manifester Les raisons de manifester ne manquent à personne, à gauche comme à droite. Des Français s’affolent, notamment, de la crise de civilisation qui fragilise la nation, sa langue, son histoire, sa cohésion. Mais les belles âmes et leurs soutiens (médias, syndicats) ne peuvent prétendre s’approprier cette crainte collective. Ils ne la mesurent, en effet, qu’en proposant des augmentations du smic ou des baisses de la TVA. Par cette vision unique, l’opposition confirme qu’elle n’a pas mesuré les bouleversements. Comme une vieille actrice, elle croit entendre trépigner son public chéri. Mais c’est son passé qu’elle veut mettre en scène. Le rétro mobilisera-t-il encore ?
Un lycéen, par exemple, peut légitimement se sentir évincé d’une mémoire collective qu’un système démagogique et hyperégalitariste, méprisant le savoir «  bourgeois », a négligé de lui transmettre. La droite se déshonore, d’ailleurs, quand elle accompagne à son tour la « fabrique du crétin », en allégeant des concours administratifs, le Capes ou des programmes scolaires, alors que se manifeste un appétit pour la culture : les visiteurs se pressaient, le week-end dernier, pour les nocturnes de l’exposition Picasso et les maîtres, au Grand Palais, tandis que Nantes se précipitait aux Folles Journées pour y écouter de la musique classique. Mais la gauche ne peut décemment protester contre un pédagogisme qu’elle a défendu et qui a abandonné les élèves à eux-mêmes.
Pour Nicolas Sarkozy, le temps se couvre. Cependant, force est de constater qu’il demeure seul porteur de la modernité, le PS y ayant renoncé. Le chef de l’État devait se mettre, hier soir lors de son intervention, à l’écoute des inquiétudes. Mais c’est la droite qu’il doit aussi convaincre, s’il veut être encore soutenu par ceux qui l’ont élu. Une partie de son électorat s’impatiente de le voir enfin s’émanciper de la gauche, qui lui a transmis beaucoup de ses conformismes, dont le culte de l’État providence. À ce propos, Sarkozy devrait écouter Vladimir Poutine qui, à Davos, a mis en garde contre « la croyance aveugle dans l’omnipotence de l’État (…) dangereuse pour l’économie »…
 
Repenser l’immigration La crise globale oblige à repenser toutes les certitudes. Déjà, la « mondialisation heureuse » ne résiste plus aux tentations protectionnistes des États. En Grande-Bretagne, des ouvriers réclament la préférence nationale et rappellent la promesse du premier ministre travailliste, Gordon Brown, de donner « des emplois britanniques pour travailleurs britanniques ». En France, Éric Besson, ministre de l’Immigration, reprend, lui, la litanie des bons sentiments en se félicitant (Europe 1, mercredi) de « l’immigration (qui) a enrichi la France » et du « succès de la diversité ». Mais à l’heure où le chômage augmente, où le pays s’appauvrit, où les tensions identitaires s’exacerbent, n’est-il pas temps de poser de vraies limites aux immigrations de travail et de peuplement ?
(1) La Grande Déculturation est une expression de Renaud Camus (voir également son interview dans Le Figaro Littéraire du 5 février)

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