Les épurateurs éthiques sont des dangers pour la démocratie. Persuadés d’incarner la Vertu, ils assènent la justice sur le champ. François Fillon a été condamné par le « tribunal médiatique » sans avoir été entendu sur le fond. Au nom de la morale, la gauche et ses procureurs ont été à deux doigts de réussir leur coup de force : éliminer, à moins de trois mois de la présidentielle, un candidat porteur d’un projet dérangeant, libéral et patriotique, plébiscité par la primaire de la droite. Dans la traque, menée par des investigateurs nourris d’informations censées être protégées par le secret professionnel, la présomption d’innocence a évidemment été violée : une routine chez les réducteurs de têtes. Mais la Justice elle-même, représentée par un Parquet national financier en lien étroit avec le gouvernement, semble avoir fait peu de cas de la séparation des pouvoirs. Il est vrai que les assemblées parlementaires, pourtant autonomes dans la gestion de leurs fonds, n’ont pas fait obstacle à l’intrusion du juge dans leur domaine. Elles se sont laissées malmener.
Oui, il y a un scandale Fillon. Mais il est dans l’acharnement des redresseurs de tort à faire taire le favori de la présidentielle, par tous les moyens. La démocratie et ses règles sont pour eux des obstacles qui se contournent. L’ombre de la politique des coups bas pèse sur le feuilleton qui veut faire passer Fillon pour un escroc. Or les pratiques népotiques et dispendieuses qui sont épinglées sont celles d’un système laissé à lui-même. Ce qui lui est reproché dans la libre gestion de ses fonds parlementaires est un usage légal. L’embauche, un temps, de son épouse par la Revue des deux mondes relève d’un contrat privé dont la justice dira ce qu’il faut en penser. La presse aurait pu se saisir depuis des années du bien-fondé de ces libéralités choquantes. La voir mordre à la gorge dans l’ultime ligne droite relève du robespierrisme, l’inspirateur des régimes totalitaires et délateurs.
La tentative de putsch du « camp du Bien » sur le scrutin a échoué, lundi, avec le sursaut de l’homme traqué. (La suite ici)

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